Vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour une personne proche de vous? Pour obtenir du soutien, appelez ou textez le 9-8-8 en tout temps.

Vous êtes présentement sur le site Web :

national

Visitez nos sites Web provinciaux

Les histoires sur la santé mentale peuvent changer les mentalités

C’est la Semaine de la santé mentale. Depuis plus de soixante-dix ans, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) utilise ces sept jours pour changer les mentalités. Nous avons bien sûr réalisé des progrès. Mais il nous reste des mentalités à changer, notamment au gouvernement.  

C’est pourtant simple. La santé mentale fait partie de la santé et devrait être traitée au même titre que la santé physique. Et vous savez quoi? C’est une évidence pour la plupart d’entre nous. D’après un sondage réalisé dans le cadre de la Semaine de la santé mentale, neuf personnes sur dix au pays s’accordent à dire que tout le monde devrait avoir accès à des soins de santé mentale universels. Une majorité est aussi d’avis que nous connaissons une crise de la santé mentale et que les gouvernements n’en font pas assez. Alors, comment les pousser à agir? 

Nous avons tendance à l’oublier, mais ce sont des gens qui forment les gouvernements. Ce sont des humains et des humaines qui prennent les décisions. Alors, comment nous assurer que ces gens restent en phase avec la majorité d’entre nous et comprennent qu’une crise sévit dans nos communautés? 

Un moyen efficace consiste à toucher leur cœur avec nos histoires. La recherche le confirme : mettre en récit nos expériences peut faire évoluer les perceptions et les comportements. Par exemple, une étude a démontré qu’au sein d’un groupe exposé à des histoires humaines, l’activité cérébrale se synchronise. Une autre étude a démontré que les juges prononcent des peines différentes quand la personne accusée leur présente sa réalité. Selon une autre étude encore, les histoires réussissent mieux que les faits à convaincre les gens de prendre des mesures décisives contre les dérèglements climatiques. Pourquoi serait-ce autrement en ce qui concerne la santé mentale? 

C’est pour cette raison que nous souhaitons mettre les histoires à l’honneur en cette Semaine de la santé mentale. Les histoires sur la santé mentale. Raconter nos histoires est une façon d’induire des changements, d’avoir une influence sur les autres. Y compris sur les personnes qui nous gouvernent.  

Dans le cadre de notre campagne Agir pour la santé mentale, nous avons justement encouragé les gens à partager leurs histoires. Au premier ministre et à des membres de son cabinet, ils ont écrit sur leurs vies, et sur leurs tragédies. Puis ils nous ont demandé de partager leurs témoignages plus largement.  

Les histoires qui suivent peuvent être dérangeantes. Interrompez votre lecture ici si vous craignez que ce soit trop difficile. Si vous choisissez de les lire, vous pourriez ressentir un certain désarroi, et être touché ou touchée. C’est ce qui m’est arrivé. C’est peut-être ce qui arrivera aux membres du gouvernement qui les liront.  

Une femme du Québec a écrit :  

« Ce matin je dois aller travailler mais je pleure, je n’arrive pas à m’arrêter, cette vie me semble si dure, sans plaisir, j’ai perdu l’appétit, je n’ai plus d’envie, sauf celle de mettre fin à cette souffrance. Je n’ai pas envie de mourir, juste que cette souffrance stoppe. Je décide d’appeler le 811, je passe 30 minutes à attendre, je me sens tellement seule, incomprise, délaissée. Je raccroche et me rends aux urgences. J’ai besoin d’aide mais je ne peux aller voir un psychologue, trop cher! Je sais que je vais encombrer les urgences mais je n’ai pas d’autre choix. Là-bas on me propose un suivi mais vu le prix je ne peux me le permettre. Alors que nous continuons à traverser une pandémie, une autre épidémie s’est installée au Canada. Je parle de l’épidémie de troubles de santé mentale et de santé liée à la consommation de substances. Et des millions de personnes n’obtiennent pas l’aide dont elles ont besoin. » 

Un homme en Ontario a écrit : « Je songe à m’enlever la vie chaque soir. Ce n’est pas quelque chose que je peux contrôler, c’est quelque chose que je dois endurer. Je me réveille chaque matin en proie à une profonde crise d’anxiété. J’en ai pour des heures avant que ça se calme. Je prétends que je vais bien, mais ce n’est pas le cas. Je suis brisé et je ne sais pas quoi faire ni où aller. Aidez-moi. » 

Des parents du Nouveau-Brunswick ont raconté au gouvernement : « Mon conjoint et moi avons perdu mon beau-fils, décédé par suicide. Il devait commencer des études en soins infirmiers en septembre. Il s’était pourtant rendu à plusieurs reprises dans des cliniques et à l’urgence de l’hôpital. À la réception des cliniques où il est allé, on lui a dit “ne pas traiter les problèmes de santé mentale”. À l’urgence, le temps d’attente était si long qu’il s’est découragé et est parti. »   

Les faits et les statistiques ne m’émeuvent pas comme ces histoires le font. Les gens ne sont pas des statistiques. Les statistiques n’ont pas de visage.  

Ces histoires sont extrêmement difficiles à lire, mais la recherche nous dit qu’elles peuvent influencer les décisions prises par les personnes qui ont du pouvoir. La santé mentale doit simplement être mieux financée. Les engagements pris ne suffisent pas. Ils ne suffisent pas à financer le travail accompli par les médecins et dans les hôpitaux. Ils ne suffisent pas non plus à soutenir les services offerts dans nos communautés – des services qui se conjuguent au système médical pour favoriser notre bien-être et nous aider à nous rétablir. Nous avons fait en sorte que vous puissiez raconter facilement votre histoire au gouvernement en visitant cette page. Raconter nos histoires peut nous aider à donner du sens à nos vies. C’est aussi une façon d’avoir une influence sur les autres et d’induire des changements. Faites de votre histoire un moteur de changement.  

Margaret Eaton 

Cheffe de la direction nationale 

Association canadienne pour la santé mentale