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Signaux d’alarme : plus de Canadiennes et Canadiens songent au suicide depuis le début de la pandémie

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Une nouvelle enquête nationale de l’Association canadienne pour la santé mentale et de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) expose les vulnérabilités troublantes de plusieurs groupes en ce qui a trait à la santé mentale en période de pandémie

Toronto, ON et Vancouver, C.-B. (25 juin 2020) La pandémie a soumis l’ensemble de la population canadienne à des bouleversements et à un stress intense, en plus d’entraîner de graves problèmes de santé mentale, y compris des pensées suicidaires, au sein de plusieurs sous-groupes dont : les parents, les personnes déjà aux prises avec une maladie mentale ou des problèmes de santé mentale, les personnes autochtones, les personnes ayant un handicap et les personnes LGBTQ+. C’est ce que révèle une nouvelle enquête nationale réalisée par sondage sur les conséquences de la COVID-19 en matière de santé mentale. L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) la rend publique aujourd’hui, en collaboration avec une équipe de recherche de l’UBC.

Des groupes plus vulnérables au suicide

Les recherches existantes laissent croire que la pandémie de COVID-19 et le désastre économique qui en découle pourraient engendrer des conséquences funestes sur la santé mentale globale et notamment une augmentation du taux de suicide[1]. En 2019, 2,5 % des Canadiens avaient indiqué avoir eu des pensées suicidaires au cours de l’année précédente. Par comparaison, la nouvelle enquête révèle qu’en mai, en plein cœur de la crise, 1 personne sur 20 (6 %) au Canada avait récemment eu des pensées ou envies suicidaires en raison de la pandémie. Et le sondage perçoit des signaux d’alarme encore plus évidents pour certains groupes.

La recherche démontre que les pensées ou envies suicidaires au cours de la pandémie ont été plus fréquentes au sein des groupes suivants :

« La pandémie accentue les inégalités persistantes au Canada en matière de santé mentale tout en empirant la situation des personnes déjà vulnérables en raison d’expériences de marginalisation », affirme la chercheuse principale Emily Jenkins, qui est professeure en sciences infirmières à l’UBC et experte en santé mentale et usage de substances. « Quand on met sous pression tous les aspects du quotidien – soins de santé, services de garde, écoles, sécurité d’emploi – on observe des effets néfastes directs sur la santé mentale des gens. »

Les personnes ayant déjà des problèmes de santé mentale

En dépit de la prévalence élevée au pays des maladies mentales – usage de substances et dépendances, y compris –, 1,6 million de Canadiens déclaraient déjà, avant même que la pandémie frappe, avoir des besoins de soins de santé mentale non satisfaits[2].

Les personnes déjà aux prises avec un problème de santé mentale sont :

De plus, une faible minorité au sein de ce groupe a accès à des soins en personne (2 %), de façon virtuelle (14 %) ou au moyen de ressources en ligne (5 %).

« Les personnes ayant des problèmes de santé mentale préexistants sont parmi les plus durement touchées », selon Margaret Eaton, cheffe de la direction nationale de l’ACSM. « La pandémie fait ressortir à quel point notre système de santé mentale était déjà défaillant au Canada. Nous devons investir dans les programmes et services de santé mentale communautaire, améliorer notre plan national de prévention du suicide et saisir cette occasion pour réparer notre système à long terme. »

Les mesures en matière de santé mentale adoptées jusqu’ici par les pouvoirs publics visent la population générale; aucune priorité n’a été accordée aux personnes déjà aux prises avec des maladies mentales ou des problèmes de santé mentale, ou encore celles dont on a interrompu les soins.

Les parents d’enfants de moins de 18 ans

Alors que de nombreux messages de santé publique insistent sur la vulnérabilité moindre des enfants face à la COVID-19, ceux-ci pourraient bien être parmi les plus susceptibles d’en subir les conséquences psychologiques, 24 % des parents décrivant une détérioration de la santé mentale de leurs enfants.

Les parents vivant avec des enfants de moins de 18 ans souffrent aussi davantage que ceux qui n’en ont pas :

Confinés à la maison dans des quartiers étroits, en plein contexte de distanciation physique, et craignant pour leur situation financière (45 %), leur emploi (31 %), et la sécurité alimentaire de leur famille (21 %), les parents disent vivre plus de conflits avec leurs enfants (23 %), punir ces derniers et crier plus souvent (17 %), et utiliser plus de mots durs ou blessants (11 %).

« Avec la pandémie, tous les ingrédients sont réunis pour faire monter le stress des familles et un parent sur quatre rapporte une détérioration de la santé mentale de ses enfants pendant cette période », déclare Anne Gadermann, co-chercheuse principale et professeure à l’École de santé publique et des populations de l’UBC. « Je suis particulièrement inquiète pour les familles qui présentent des vulnérabilités multiples, comme les ménages à faibles revenus ou ceux dont les membres vivent de la discrimination ou du racisme systémique ou encore ont un handicap. »

Des signes de résilience

En dépit du stress, des signes encourageants de résilience se laissent percevoir. Les parents affirment passer plus de temps de qualité avec leurs enfants (66 %) et observer chez ces derniers une grande résilience (force psychologique et persévérance) (38 %). Par ailleurs, beaucoup de Canadiennes et Canadiens trouvent des moyens de protéger leur propre santé mentale. C’est ainsi que l’exercice est privilégié (59 %), suivi des conversations avec les proches (56 %) et du maintien de saines habitudes de vie (43 %).

« Bien que ces stratégies demeurent essentielles pour les gens qui ont la capacité et les moyens de soutenir leur propre santé mentale, il n’en demeure pas moins que la santé mentale n’est pas qu’une question de responsabilité individuelle et la pandémie le souligne à grands traits », rappelle Margaret Eaton. « Sans intervention des pouvoirs publics pour améliorer les conditions sociales et protéger la santé mentale de l’ensemble de la population, bien des solutions resteront vaines ou difficiles d’accès. »

Le sondage a été mené par Maru/Matchbox auprès d’un échantillon représentatif de 3 000 personnes qui résident au Canada et qui sont âgées de 18 ans et plus. Il a été réalisé entre le 14 et le 29 mai, alors que plusieurs provinces et territoires entamaient leur déconfinement et l’assouplissement d’autres mesures.

Il s’agissait de la première de trois vagues stratégiques d’une enquête nationale qui concorde avec des travaux de la Mental Health Foundation, au Royaume-Uni.

Pour obtenir un résumé des conclusions de l’enquête, veuillez cliquer ici.

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Pour plus d’informations ou pour une demande média :

Katherine Janson
Directrice nationale des communications
Association canadienne pour la santé mentale
[email protected]

Lou Bosshart
Spécialiste des relations médias
UBC Media Relations
Bureau : (604) 822-2048
Cell : (604) 999-0473
[email protected]

[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7236718/pdf/main.pdf

[2]Adam Sunderland et Leanne C. Findlay, « Besoins perçus de soins de santé mentale au Canada : résultats de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes – Santé mentale (2012) », dans Statistique Canada, Rapports sur la santé, 24(9), 2013 : 5.