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L’histoire de Diana

Par Diana Weeks, blogueuse invitée

Assise dans ma nouvelle cuisine baignée de soleil, au milieu des boîtes dans ma nouvelle maison, je suis en paix. Je suis heureuse, et mon avenir me semble à nouveau prometteur et emballant. Mais le souvenir de la rapidité avec laquelle les choses peuvent mal tourner pour moi si je néglige mon bien-être mental n’est jamais bien loin.

Aujourd’hui, nous vivons dans une ère nouvelle où les gens discutent ouvertement de santé mentale et remettent en question la façade qu’on retrouve fréquemment sur les médias sociaux. La santé mentale doit être beaucoup plus souvent au cœur des conversations, mais je pense que la société fait vraiment d’énormes progrès à ce chapitre.

Les gens semblent certainement en savoir plus sur le sujet qu’auparavant, disons, il y a une quinzaine d’années. C’est l’époque à laquelle j’ai reçu mon diagnostic de trouble obsessionnel-compulsif (TOC) et de trouble d’anxiété généralisée. J’étais assise dans le bureau de la psychiatre de mon université, et elle ne m’a pas trouvée bizarre quand je lui ai dit que je fondais en larmes sans raison apparente et que je n’avais pas d’appétit depuis des semaines. Elle ne m’a pas non plus trouvée bizarre quand je lui ai dit qu’un soir, dans ma voiture au retour du travail, une pensée m’a traversé l’esprit : « Et si je donnais un coup de volant et que je faisais une sortie de route? ».

Cette pensée m’a tourmentée pendant des jours. J’étais obsédée par le concept de perdre soudainement la maîtrise de ma voiture et de finir dans un fossé, comme si une force divine s’apprêtait à prendre le contrôle de mes mains sans que je puisse y faire quoi que ce soit. Mais je sais maintenant que cette idée de perte de contrôle est très courante chez les personnes souffrant d’un TOC.

Petit à petit, avec l’aide de ma psychiatre et de médicaments d’ordonnance, je suis redevenue moi-même : une personne battante, heureuse, sociable et optimiste. Je me souviens de la journée avec précision. J’étais sous médication depuis environ six semaines. Je marchais sur le campus, il était environ huit heures, c’était le printemps et le soleil brillait. Tasse de café en main, je me rendais à mon cours du matin. Soudainement, ça m’a frappée : mon esprit était calme, les obsessions s’étaient presque tues. Le monde ne me paraissait plus comme un endroit intimidant. Pour la première fois depuis longtemps, j’étais capable de m’asseoir en classe et d’écouter sans m’inquiéter de m’effondrer en larmes et de devoir partir. J’étais heureuse. J’étais contente. C’était le début d’un nouveau chapitre.

Au cours des années qui ont suivi, j’ai reçu mon diplôme de l’une des meilleures universités au pays, avec une moyenne générale frôlant 4,0. J’avais un cercle de vrais amis et une vie sociale remplie et animée. Je suis devenue ceinture noire en karaté, j’ai voyagé au Brésil, j’ai habité au Royaume-Uni et j’ai eu le courage de poursuivre mes rêves professionnels. J’ai accepté mon premier travail payé de journaliste à 20 heures de chez moi, à Thunder Bay, puis j’ai déménagé à Winnipeg. Dix ans plus tard, j’ai décroché l’emploi de mes rêves comme journaliste de télévision dans mon coin de pays.

En juin 2017, je revenais d’une merveilleuse lune de miel avec mon nouveau mari, après avoir célébré un mariage digne des contes de fées. Nous vivions à Toronto et avions un calendrier de sorties bien rempli. La vie était belle. La vie était parfaite. Mais elle s’apprêtait à prendre un tournant radical.

Seulement quatre mois après mon mariage, je suis tombée dans le gouffre d’une rechute dont j’ai pris un an à me rétablir complètement. Je m’étais sentie si bien que j’avais commencé à abandonner la médication que je prenais depuis près de 15 ans. J’ai diminué la dose à un seuil à peine thérapeutique, et je l’ai fait sans la supervision de mon médecin. Je ne saurais trop insister sur le haut niveau de risque que représente ce genre de comportement.

J’aurais dû voir les signes. Je buvais quatre ou cinq cafés par jour, et mon horaire de sommeil était au mieux médiocre. Alors que mon agenda était chargé, je ne faisais rien pour ma santé mentale. Les signaux d’alarme ne trompaient pas, mais je n’y portais pas attention. Le temps de me rendre compte que je devais recommencer à prendre mes médicaments, je ne dormais plus, je ne mangeais plus et je paniquais à longueur de journée.

De retour à aujourd’hui. Je suis assise ici, sirotant un café (seulement un ou deux, pas plus!), et je suis bien. Ma rechute m’a beaucoup appris. Je sais maintenant que la médication est essentielle pour moi, mais qu’il ne s’agit que d’une corde à mon arc. Le yoga, les vitamines et un sommeil adéquat font tous partie de mon régime bien-être. Il y a de nombreuses conceptions erronées sur la médication – qu’elle nous rend heureux, ou qu’elle fait de nous une personne différente. En réalité, elle me permet simplement d’être moi, car elle traite ma maladie. Alors si quelqu’un essaie de vous faire sentir faible parce que vous prenez des médicaments, ne perdez pas votre temps. Vous êtes un dur à cuire. Allez plutôt de l’avant et souriez. Continuez toujours de sourire.

Diana Weeks est une journaliste de télévision à Hamilton, en Ontario, et une défenseure de la santé mentale.