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L’Association canadienne pour la santé mentale au sujet de la réconciliation et la santé mentale

DÉCLARATION

Toronto, ON 21 juin 2021 – L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) est profondément troublée par la découverte des restes de 215 enfants dans une fosse non documentée sur le site d’un ancien pensionnat à Kamloops, en Colombie-Britannique. Nous offrons nos plus sincères condoléances à ceux et celles qui sont en deuil et chez qui cette nouvelle réveille ou aggrave la douleur et les traumatismes.

Nous reconnaissons qu’étant le plus important et l’un des plus anciens fournisseurs de services de santé mentale communautaire au Canada, l’ACSM doit prendre ses responsabilités et entreprendre les démarches nécessaires pour remédier aux préjudices causés par notre système de santé mentale, au sein duquel des pratiques racistes et coloniales ont trop perduré. Nous pressons les acteurs de notre système de soins de santé et nos décideurs de tenir compte des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) afin d’appuyer les appels à l’action des communautés autochtones et, plus particulièrement, afin de soutenir la santé mentale, la guérison et le bien-être des Autochtones.

Les peuples autochtones canadiens savent depuis longtemps que de nombreux membres de leurs familles et de leurs communautés sont décédés dans les pensionnats dirigés par le gouvernement et par l’Église qu’ils ont été forcés de fréquenter. Comme l’a énoncé la Commission de vérité et réconciliation, les pensionnats, qui sont le produit des politiques coloniales du Canada, ont mis en danger la santé et le bien-être des enfants qui y ont été envoyés; la violence physique, psychologique et spirituelle, la négligence et les préjudices engendrés par la séparation forcée des familles ont causé une douleur qui s’est perpétuée d’une génération à l’autre. La tragédie de Kamloops illustre bien la trop longue tradition de racisme, de violence et de génocide culturel envers les peuples autochtones, qui n’a pas pris fin avec la fermeture des pensionnats et qu’ils subissent encore aujourd’hui. Chaque jour, les Autochtones doivent continuer à vivre les répercussions on ne peut plus réelles du racisme systémique et du colonialisme, et cela affecte leur santé mentale et leur bien-être.

Les pensionnats ont enlevé aux enfants autochtones et à leurs familles la possibilité de vivre des expériences de parentalité positive, de suivre les enseignements de leurs leaders communautaires et de développer un sentiment d’identité et de valeur propre, ce qui a engendré et alimenté la discrimination systémique à laquelle les communautés autochtones sont confrontées aujourd’hui.[1] Les traumatismes intergénérationnels qui affectent ces communautés se traduisent par un taux de suicide disproportionnellement élevé, trois fois plus élevé que chez les Canadiens non autochtones.[2] Les communautés continuent à composer avec le deuil et les traumatismes engendrés par la perte de milliers de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées, et cette douleur est encore amplifiée par l’incapacité des gouvernements à prendre des mesures concrètes pour éradiquer cette violence systémique et pour rendre des comptes aux familles endeuillées qui ne savent toujours pas ce qui est arrivé à leurs sœurs volées afin qu’elles puissent enfin tourner la page. Les enfants autochtones continuent d’être surreprésentés au sein du système de protection de l’enfance en dépit des impacts sur leur santé mentale qu’entraîne le fait de séparer les enfants de leur famille. De plus, les problèmes liés à l’accès à l’eau potable, à des soins de santé et de santé mentale, à des emplois, à l’éducation et à la sécurité du logement contribuent au stress psychologique quotidien et aux violations des droits de la personne auxquels font face de nombreuses communautés autochtones du Canada.

L’ACSM appuie sans réserve les appels à l’action que la CVR a lancés dans le rapport étoffé qu’elle a publié en 2015, dans lequel elle presse le gouvernement du Canada de concrétiser son engagement envers la réconciliation. Afin de promouvoir le bien-être et la santé mentale des peuples autochtones du Canada, la CVR a recommandé au gouvernement et aux acteurs du système de soins de santé :

De plus, le rapport de la CVR inclut de nombreux autres appels à l’action importants dans le domaine de la protection de l’enfance, des droits territoriaux, de l’éducation, des droits liés à la langue et à la culture, de la justice et de l’accès à l’information sur les enfants disparus et sur les inhumations; ces appels à l’action ont tous pour but de contribuer collectivement à la guérison et à la réconciliation, et qui affectent et soutiennent la santé mentale et le bien-être des peuples autochtones du Canada.

Il y a énormément à faire pour atteindre ces objectifs. L’ACSM a elle-même perpétué des pratiques racistes et coloniales qui ont eu des répercussions néfastes profondes et durables sur les communautés autochtones du Canada. Nous en sommes profondément désolés.

À travers la fédération de l’ACSM, nous tirerons parti de nos travaux actuels et établirons de nouvelles normes qui appuieront les recommandations de la CVR. De nombreuses filiales, régions et divisions de l’ACSM de l’ensemble du Canada ont établi des partenariats significatifs avec des organisations et des dirigeants autochtones afin d’élaborer et de mettre en œuvre des programmes et services fondés sur la culture, notamment la guérison axée sur la terre, le soutien de la promotion de la santé mentale dirigée par des Autochtones au sein de leurs communautés, la valorisation des pratiques de guérison et du savoir-faire autochtones s’appuyant sur les principes de la sécurité culturelle et de l’autodétermination, et la prestation de formations de sensibilisation à la culture autochtone à tous les membres de leur personnel. Nous avons encore beaucoup de travail à faire pour nous assurer de soutenir la réconciliation et de progresser en vue d’atteindre cet objectif ultime.

L’ACSM presse encore une fois le gouvernement du Canada de prendre immédiatement des mesures pour travailler en partenariat avec les communautés autochtones pour donner suite à ces recommandations.

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Pour plus d’informations, veuillez contacter :

Katherine Janson
Directrice nationale des communications
Association canadienne pour la santé mentale
[email protected]

[1] CVR, 135.
[2] https://www150.statcan.gc.ca/n1/fr/catalogue/99-011-X2019001
[3] http://trc.ca/assets/pdf/Calls_to_Action_French.pdf