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Prévenir les décès liés aux drogues

L’an dernier, 7 328 personnes sont décédées au Canada de causes apparemment liées à une intoxication aux drogues, ce qui représente 20 décès par jour en moyenne. La plupart de ces décès étaient accidentels, c’est-à-dire que les personnes ayant consommé des drogues ne souhaitaient pas mourir.

Nous pouvons prévenir les décès liés aux drogues. Pour ce faire, nous devons d’abord arrêter d’essayer d’interdire les drogues. Nous devons arrêter de dénigrer et de criminaliser les personnes qui en consomment. Et nous devons faire tout en notre pouvoir pour réduire les méfaits associés à cette consommation.

Voici comment nous y prendre : 

Dépasser la dichotomie « nous » vs « elles et eux » : déstigmatiser la consommation de substances psychoactives et favoriser la sécurité et le mieux-être 

Les gens consomment des substances pour de nombreuses raisons : pour relaxer ou pour le plaisir, ou encore pour composer avec les épreuves de la vie, la douleur physique ou un traumatisme. La plupart d’entre nous consomment des substances psychoactives comme la caféine, l’alcool, le tabac, le cannabis, les médicaments sur ordonnance ou les psychotropes. La consommation de substances fait partie de l’expérience humaine, et ce, depuis des siècles. S’il est vrai que plusieurs d’entre nous ne subissent pas de conséquences néfastes graves après avoir consommé des substances, certaines personnes peuvent éprouver des problèmes comme l’accoutumance ou la dépendance, être hospitalisées ou même mourir.  

La présence de substances comme le fentanyl, le carfentanil, les benzodiazépines et, plus récemment, la xylazine dans l’approvisionnement en drogues non réglementées (et donc illicites) augmente énormément les risques associés à la consommation de telles drogues. Lorsqu’une personne en consomme, que ce soit lors d’une première expérience, de façon récréative pendant la fin de semaine, ou quotidiennement, elle s’expose à un risque d’intoxication. 

Voilà pourquoi il est plus exact de dire qu’au Canada, l’approvisionnement en drogues est « toxique » que d’évoquer la « crise des surdoses ». Les « surdoses » ou les pertes de conscience ne sont pas nécessairement dues au type de drogue ou à la quantité consommée. Un seul grain de fentanyl ou de carfentanil peut être mortel. 

Peu importe les conditions dans lesquelles vous consommez des substances psychoactives, il importe de connaître les risques et de le faire de la façon la plus sécuritaire possible. À cette fin, les campagnes de sensibilisation et l’éducation à propos des risques ont un rôle à jouer, particulièrement auprès des jeunes, de même que des règlements stricts relativement à la commercialisation, à l’emballage et à la distribution des substances légales. Pour lutter contre l’approvisionnement en drogues toxiques, il nous faut investir dans la réduction des méfaits et l’approvisionnement sécuritaire, et plaider pour la décriminalisation. Pour en savoir plus, rendez-vous à https://www.drugpolicy.ca/wp-content/uploads/2013/01/CDPC2013_en.pdf (en anglais seulement).

Réduire les risques

Tout le monde peut réduire les risques liés à la consommation de substances : renseignez-vous. Ne consommez jamais de drogues sans la présence d’autrui. Visitez un site de réduction des méfaits. Procurez-vous de la naloxone, un antidote à l’intoxication aux opioïdes. Commencez par de petites quantités et allez-y lentement. Faites vérifier vos drogues. Plaidez en faveur de la décriminalisation. Restez en contact avec votre entourage. Parlez à quelqu’un. Demandez de l’aide. Offrez de l’aide. Écoutez. Répondez.

Pour en savoir plus sur la naloxone, consultez https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/opioides/naloxone.html.

Opter pour la décriminalisation 

À elle seule, la décriminalisation ne mettra pas fin à la crise des intoxications aux drogues au Canada. Mais il s’agit d’une étape essentielle. Les lois punitives sur les drogues, la prohibition et la surveillance policière ont pour effet de criminaliser les personnes qui consomment des drogues, ce qui se répercute sur l’attitude de la population à l’égard de celles-ci. Si les arrestations pour possession simple sont censées avoir diminué au Canada, la présence policière autour des endroits où les gens consomment des drogues et les sanctions qui limitent la possibilité de le faire font en sorte que la consommation de drogues continue d’être criminalisée. Or, la criminalisation des drogues fait en sorte de tracer une ligne entre les personnes qui sont vues comme « légitimes » et dignes de soins et de considération, et celles qui sont stigmatisées et vues comme illégitimes et indignes. Nous observons aussi une augmentation de la violence et des méfaits en lien avec la présence de substances toxiques dans l’approvisionnement en drogues non réglementées. Les recherches effectuées partout dans le monde démontrent que la criminalisation des drogues n’en réduit pas la consommation. Au contraire, les personnes qui consomment des drogues sont confrontées à une stigmatisation importante de la part des prestataires de soins, ce qui réduit la probabilité qu’elles obtiennent des traitements médicaux ou des services de réduction des méfaits. La décriminalisation a pour objectifs la sécurité et la dignité humaine.  

Réduire les méfaits et rendre l’approvisionnement plus sécuritaire 

La réduction des méfaits est une approche fondée sur des données probantes et axée sur la clientèle. Elle a pour but de réduire les méfaits pour la santé ainsi que les problèmes sociaux liés aux dépendances et à la consommation de substances, sans qu’il soit nécessairement question de viser l’abstinence ou un arrêt complet. Cette approche permet aux personnes qui consomment des drogues d’exercer un plus grand contrôle sur leur vie et leur santé, puis de se protéger elles-mêmes tout en protégeant leur famille et leur communauté. La réduction des méfaits renvoie à des services de consommation supervisée, à la distribution de matériel, comme de l’équipement stérile d’injection et d’inhalation, à la vérification des drogues, à des programmes d’approvisionnement sécuritaire, qui permettent à des personnes qui consomment des drogues d’obtenir des médicaments sur ordonnance, et à des politiques comme la décriminalisation. 

Il est important que les services de réduction des méfaits répondent aux besoins changeants sur le terrain. Pour y parvenir, les sites de réduction des méfaits au Canada devront être plus nombreux à être dotés d’une infrastructure qui permet aux gens d’inhaler des drogues, puisque la consommation par inhalation représente une part croissante, et maintenant majoritaire, des décès liés à une intoxication au pays. Cependant, à l’heure actuelle, les services de réduction des méfaits sont centrés sur les besoins des personnes qui consomment des drogues par voie orale ou nasale, ou par injection. 

Soins de santé et soutiens sociaux 

Dans certains cas, la consommation de substances psychoactives est susceptible de devenir problématique en raison de causes sous-jacentes, comme un traumatisme, une souffrance psychologique ou des douleurs physiques. Pour veiller à la santé et au mieux-être des personnes qui consomment des drogues, il est important d’établir un continuum de services intégrés en santé mentale et en dépendances, en complément des services de réduction des méfaits pour celles qui souhaitent en obtenir. Au Canada, les mesures de soutien en santé mentale et en dépendances sont sous-financées; les personnes qui tentent d’y avoir recours se heurtent donc parfois à des temps d’attente importants ou doivent en assurer le coût elles-mêmes. Soutenez notre plaidoyer en faveur de l’amélioration des soins à Agir pour la santé mentale.


1 Gouvernement du Canada, « Méfaits associés aux opioïdes et aux stimulants au Canada (juin 2023) »,
https://sante-infobase.canada.ca/mefaits-associes-aux-substances/opioides-stimulants, (26 juin 2023).
2 Les benzodiazépines sont des relaxants musculaires qui sont souvent prescrits pour traiter l’anxiété, et la xylazine est un tranquillisant pour animaux communément utilisé en médecine vétérinaire. Lorsque mélangés à du fentanyl, les benzodiazépines et la xylazine peuvent induire une dépression respiratoire potentiellement fatale. La xylazine cause également des plaies et des abcès douloureux. Les benzodiazépines et la xylazine sont des drogues qui résistent à la naloxone.
3 Benjamin D. Scher, Scott D. Neufeld, Amanda Butler, Matthew Bonn, Naomi Zakimi, Jack Farrell, and Alissa Greer, “’Criminalization Causes Stigma:’ Perspectives from People who Use Drugs,” Contemporary Drug Problems, 2023, https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/00914509231179226 (anglais seulement)
4 Scher et al., 2023.
5 https://www.drugpolicy.ca/wp-content/uploads/2013/01/CDPC2013_en.pdf (anglais seulement).
6 https://drugdecrimcanada.com/statistics/ (anglais seulement).
7 https://ontario.cmha.ca/harm-reduction/ (anglais seulement).
8 https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/toxic-drug-deaths-from-smoking-bc-1.6606503 (anglais seulement).