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Site national
27 novembre 2024
Ceci est la première partie d’un récit en deux temps sur les hauts et les bas des soins de santé mentale au Canada. Lisez la première partie.
Le 19 novembre, l’ACSM a publié L’état de la santé mentale au Canada 2024, un rapport unique en son genre qui, en se fondant sur des données provenant de l’ensemble du pays, brosse un tableau détaillé de la situation en matière de soins de santé mentale, de traitement des dépendances et de santé liée à l’utilisation de substances au Canada.
Bien qu’il souligne certaines réalités sombres, le rapport sur l’état de la santé mentale au Canada vise fondamentalement à trouver la voie à suivre et à mettre en lumière des initiatives novatrices en matière de soins de santé mentale, de traitement des dépendances et de santé liée à l’utilisation de substances dans chaque province et territoire. Qu’il s’agisse de soins de santé mentale universels financés par l’État en Nouvelle-Écosse ou de formation culturellement adaptée pour le personnel auxiliaire inuit au Nunavut, ces foyers d’innovation mettent en lumière les possibilités d’améliorer les soins de santé mentale dans l’ensemble du Canada.
Nous avons discuté avec 13 personnes vivant avec des défis liés à la santé mentale, y compris des membres du Conseil national des personnes ayant une expérience vécue (CNPEV) de l’ACSM, qui nous ont également parlé de leurs expériences positives et de ce qui fonctionne bien dans le système actuel. Voilà ce sur quoi nous pouvons nous appuyer pour continuer à améliorer les choses.
Si vous marchez dans la rue et que, tout à coup, une angoisse envahissante monte en vous, il suffit d’entrer [dans le centre communautaire]. Voilà quelque chose qui fonctionne.
Leanne, Ontario, Vice-présidente du CNPEV
Avoir accès à de l’aide au moment et à l’endroit où on en a besoin est crucial – de l’aide que les services de santé mentale communautaires sont les mieux à même d’offrir.
Sheryl, Manitoba : La santé mentale et l’utilisation de substances (ou la dépendance) vont de pair, et lorsqu’une personne reçoit des soins communautaires liés à l’utilisation de substances, ses besoins de santé mentale seront également pris en compte, et vice versa, ce qui est absolument fantastique.
Ailie, Nova Scotia : Notre province a ouvert une dizaine de centres communautaires de soutien au rétablissement et ils sont fantastiques. Les personnes ayant des problèmes de santé liée à l’utilisation de substances n’ont qu’à s’y présenter. Il n’y a pas de liste d’attente; on procède à leur admission et elles peuvent généralement rencontrer une conseillère ou un conseiller le jour même. Elles peuvent également s’inscrire à des groupes et à des programmes. Toutes sortes d’options accessibles leur sont proposées. Et lorsqu’elles vont mieux, elles veulent aussi rendre la pareille. Nous devons investir davantage dans ce type de services, dans les soins communautaires.
Corey, Nouveau-Brunswick : Miser davantage sur les soins communautaires, comme solution de rechange à l’approche biomédicale, aurait un effet positif important sur les soins de santé mentale au Canada.
La plus grande force de notre système réside dans les personnes qui le composent.
Corey au Nouveau-Brunswick
De nombreuses personnes avec lesquelles nous avons discuté ont parfois fait l’objet d’un manque de compassion et de compréhension de la part de prestataires de services. Cela dit, elles ont également vécu de belles expériences auprès de professionnelles et de professionnels, et de membres du personnel en santé mentale.
Alana, Île-du-Prince-Édouard : À Charlottetown, les urgences ont été élargies pour inclure une unité d’urgence pour la santé mentale, qui a fait l’objet d’une réflexion approfondie, et le personnel y est très compatissant, il est là pour aider autant que possible.
Hassan, Ontario : Je suis une thérapie et je reçois un soutien qui favorise mon autonomie et ma prise de décision. La différence par rapport au modèle médical traditionnel dont j’ai fait l’expérience il y a environ huit ans est marquée. De façon générale, l’attitude des prestataires de soins a changé; le trouble mental est abordé de moins en moins selon un modèle médical basé sur des soins hospitaliers, et de plus en plus en fonction d’un plan de traitement auquel la personne participe activement.
Sheryl, Manitoba : J’ai une excellente médecin généraliste que j’ai commencé à consulter à l’âge de 19 ans. Elle s’y connaît beaucoup en santé mentale et elle a su répondre à mes besoins lorsque ça a été le bon moment pour moi de lui révéler que j’avais des problèmes de santé mentale. Elle a su me donner un diagnostic et me proposer des options en matière de médication. Depuis, elle est la seule prestataire à assurer le suivi de mon traitement. Je n’ai jamais eu besoin de consulter en psychiatrie, mais je crois qu’elle m’aiderait à obtenir une consultation et à trouver un ou une psychiatre si j’en avais besoin. Certaines personnes n’ont malheureusement pas de médecin qui s’y connaît sur le sujet, et qui fait preuve d’ouverture et d’engagement.
Kerry, Yukon : Un psychologue que j’ai rencontré lorsque je séjournais dans un centre d’accueil pour les femmes a regardé mon diagnostic de trouble de la personnalité limite et m’a dit : « Kerry, ce n’est pas vous ». Il a procédé sans frais à une évaluation psychologique approfondie pour corriger mon diagnostic en le remplaçant par un trouble anxieux aigu et un trouble de stress post-traumatique. Plus tard, on m’a demandé pourquoi je n’avais pas raconté toute mon histoire à d’autres psychologues et j’ai répondu : « Parce que ces psychologues ne m’ont pas demandé de le faire. »
On ressent un grand sentiment de force et d’autonomisation lorsqu’on parle à quelqu’un qui comprend.
Lindsey en Alberta
La pair-aidance, un domaine des soins de santé mentale axé sur le rétablissement, est en plein essor, et à raison – l’aide de personnes ayant vécu une expérience similaire est inestimable.
Ailie, Nouvelle-Écosse : Le soutien par les paires et les pairs est très important pour moi. C’est ce qui a fait la différence pour moi il y a une vingtaine d’années et c’est toujours le cas, car rien ne remplace le fait de parler à d’autres personnes qui comprennent. Elles sont passées par là, et quand je leur parle, je ne m’inquiète pas de savoir si elles ont une idée derrière la tête ou si elles ont des préjugés. Je suis sceptique à l’égard des médecins, qui me paraissent toujours chercher des problèmes ou essayer de trouver des symptômes. Avec la pair-aidance, on peut simplement être soi-même et recevoir du soutien. J’aimerais que le gouvernement investisse davantage dans les services de pair-aidance.
Shawn, Terre-Neuve-et-Labrador : Je trouve la pair-aidance très utile, en particulier pour préserver mon bien-être; par exemple, lorsque les choses vont bien, mais que je veux quand même continuer à prendre soin de moi.
Lindsey, Alberta : La pair-aidance m’a aidée. On ressent un grand sentiment de force et d’autonomisation lorsqu’on parle à quelqu’un qui comprend. Lorsqu’on traverse une période difficile, on a parfois l’impression d’être la seule personne au monde à avoir vécu de telles expériences. Le rétablissement est facilité lorsqu’on se rend compte que d’autres personnes passent par là. Cette solidarité et cet espoir sont l’une des premières étapes pour réaliser qu’on peut s’en sortir, que c’est faisable.
Kerry, Yukon : Une partie de mon identité et de mon travail d’accompagnement consiste à ne pas regarder les gens de haut et à ne pas penser que je suis en train d’enseigner quelque chose à quelqu’un. Je suis là en tant que paire. J’éprouve autant de difficultés que n’importe qui d’autre, mais j’ai tiré parti de mes expériences et je suis devenue à l’aise avec moi-même pour pouvoir aider d’autres personnes à se sentir à l’aise avec elles-mêmes. Je ne peux pas changer le système, mais je peux aider les autres à s’y adapter.