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Comment laisser tomber son masque au travail (et ailleurs)
7 mai 2025
Un guide pour honorer son soi authentique
Chaque jour, d’innombrables personnes se présentent au travail en portant des masques invisibles.
Elles sourient pendant les réunions, atteignent leurs objectifs, respectent les délais et échangent des banalités — tout en menant discrètement des combats que les autres ne voient pas. C’est ce qu’on appelle « se cacher derrière un masque », et c’est bien plus courant que ce que de nombreuses entreprises imaginent. De fait, environ 75 % des personnes qui travaillent au Canada ne parleraient pas de leurs troubles de santé mentale à leur responsable hiérarchique ou à leurs collègues1.
Pour Laura, porter un masque faisait partie de sa vie depuis longtemps, sans qu’elle en ait pleinement conscience :
À la fin de la journée, j’étais épuisée et je n’avais plus d’énergie pour prendre soin de moi.
« Au travail, je passais mes journées à être productive tout en masquant ma dépression en plus de mon TDAH. Si bien qu’à la fin de la journée, j’étais épuisée et je n’avais plus d’énergie pour prendre soin de moi. Je n’avais pas envie de faire le ménage ou la lessive. Même prendre une douche ou me brosser les dents était difficile, et je mangeais mal parce que je n’avais pas l’énergie de planifier les repas, de faire les courses et de cuisiner. Je terminais ma journée de travail pour m’écrouler sur le canapé. Puis, je me levais le lendemain et je recommençais. La fin de semaine, je n’avais plus d’énergie pour socialiser, même si je n’avais pas besoin de porter un masque avec mes proches. J’avais besoin de chaque instant de ma fin de semaine pour être capable de recommencer la routine de la semaine suivante. »
Le poids de porter un masque
Au travail, les gens répriment souvent leur stress ou leur épuisement par crainte d’être jugés sur leur rendement. Or, ce camouflage ne fait qu’accroître le stress déjà présent.
Je cachais mes épisodes dépressifs à mon entourage et j’évitais de prendre congé parce que je ne voulais pas que l’on pense que je ne pouvais pas faire mon travail. Même lorsque mon médecin m’a dit que je devais prendre un congé, j’ai continué parce que je ne voulais pas que cela nuise à ma réputation au travail.
Cela peut également empêcher les autres de nous voir réellement et de nous soutenir. Lorsque nous portons un masque, nous faisons croire involontairement aux autres que nous allons « bien », même si ce n’est pas le cas. Avec le temps, cela peut conduire à des sentiments d’isolement, de déconnexion et d’épuisement professionnel.
J’ai finalement dû prendre congé parce que mon corps me lâchait…
« …Mais même à mon retour, alors que les gens savaient pourquoi j’étais partie, j’ai remis mon masque presque aussitôt… jusqu’à ce que je connaisse un nouvel épisode dépressif majeur quelques années plus tard. Cet épisode a été le pire que j’aie jamais connu. Lorsque j’ai repris le travail, j’ai décidé que les gens devaient en parler. Je ne voulais pas que quelqu’un d’autre se retrouve dans la même situation que moi. J’ai donc parlé plus ouvertement et j’ai proposé de partager mon histoire. »
L’importance de laisser tomber son masque
Il est temps de laisser tomber nos masques et de bâtir une société où les gens se sentent en sécurité et acceptés. Lorsque le personnel ne ressent pas le besoin de se cacher, l’engagement, les liens et le sentiment d’appartenance au travail sont plus forts2. En laissant tomber nos masques, nous pouvons :
Promouvoir une culture d’honnêteté et d’empathie : Quand les gens peuvent parler ouvertement de leur santé mentale, cela envoie le message qu’il est possible d’être humain au travail. Cela donne aussi aux autres la permission de faire de même.
Favoriser la santé du personnel et des équipes : Quand une personne se sent suffisamment en sécurité pour dire « Je traverse une période difficile », elle est plus susceptible de recevoir le soutien dont elle a besoin — qu’il s’agisse de délais flexibles, de congés pour raison de santé mentale ou de mesures d’adaptation. Ce soutien lui permet de continuer à apporter de la valeur ajoutée à son milieu de travail.
Prévenir l’épuisement professionnel avant qu’il ne soit trop tard : Les personnes qui portent un masque ont tendance à surcompenser et à continuer malgré tout, en ignorant les signes précurseurs jusqu’à ce qu’elles s’effondrent. En créant un espace bienveillant et propice à la conversation, on peut éviter d’en arriver là.
Comment le personnel de direction peut-il créer des milieux de travail plus accueillants?
Laisser tomber le masque ne concerne pas seulement la personne en difficulté. Il s’agit d’un processus profondément influencé par l’environnement dans lequel nous évoluons. Que vous soyez responsable, collègue, proche ou membre de la famille, voici quelques moyens de favoriser une culture de sécurité et d’ouverture :
Montrer l’exemple par la transparence : Le personnel de direction doit donner le ton. Partager ses propres expériences liées au stress, à l’épuisement professionnel ou à la santé mentale, même de manière simple (par exemple, prendre le pouls pendant les réunions d’équipe ou mener des entretiens individuels), crée un espace où les autres peuvent en faire autant.
Mettre en place un climat de santé et sécurité psychologiques : Il est important de créer un environnement de travail solidaire, productif et résilient dans lequel les membres du personnel peuvent s’épanouir. L’ACSM National propose des programmes fondés sur des données probantes, tels que Ça va pas aujourd’hui, ainsi que des formations sur la santé et la sécurité psychologiques (en anglais seulement) et des formations personnalisées sur la santé mentale en milieu de travail afin de doter la direction et les membres du personnel d’outils pratiques qui favorisent le bien-être psychologique. L’objectif est de créer une culture où chaque personne se sent valorisée, comprise et habilitée à obtenir de l’aide lorsqu’elle en a besoin.
Proposer des ressources : De nos jours, la plupart des milieux de travail proposent des mesures de soutien en santé mentale et des programmes d’aide au personnel pour accompagner les personnes en difficulté. Rappeler aux membres du personnel l’existence de ces ressources, ainsi que normaliser l’usage des congés pour raison de santé mentale et des horaires flexibles, peut contribuer à ouvrir la voie au changement.
À l’occasion de la Semaine de la santé mentale (du 5 au 11 mai), agissons ensemble pour une santé mentale sans masque. Abolissons la stigmatisation et la discrimination, et créons un environnement bienveillant où chaque personne peut partager son histoire et afficher fièrement ses couleurs.
Pour en savoir plus sur la santé mentale sans masque ou pour télécharger la trousse à outils de la Semaine de la santé mentale de l’ACSM, visitez le site semainesantementale.ca.
References
1 Ipsos. (September 20, 2019). Mental illnesses increasingly recognized as disability, but stigma persists. (en anglais seulement)
2 Centre canadien pour la diversité et l’inclusion (CCDI). (2022). Plaider en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion.