Comment soutenir la santé mentale des hommes

29 novembre 2022

En novembre, les moustaches sont au rendez-vous en soutien à Movember (ou Movembre), un mouvement qui vise à braquer les projecteurs sur la santé des hommes. Ce qu’il y a de bien avec Movember, c’est qu’on ne parle pas seulement de santé physique. La santé mentale occupe une place importante dans la campagne, et à juste titre compte tenu de ces statistiques alarmantes :

Les hommes d’âge moyen (45 à 64 ans) présentent un taux de suicide plus élevé que tout autre groupe, y compris les jeunes et les femmes (Centre for Suicide Prevention, 2022).
Les hommes décèdent trois fois plus souvent par suicide que les femmes (Centre for Suicide Prevention).
Les hommes sont deux à trois fois plus susceptibles que les femmes de présenter une consommation de substances problématique (Center for Behavioral Health Statistics and Quality, 2017).

Ce phénomène s’expliquerait en partie par la plus grande réticence des hommes à aller chercher de l’aide ou à suivre une thérapie lorsqu’ils ont des problèmes de santé mentale (Centre for Suicide Prevention, 2022). Pourquoi? Parce qu’ils ont appris dès le plus jeune âge que la manifestation d’une émotion est un signe de faiblesse. À coups de « fais un homme de toi! », on leur a appris à refouler leurs sentiments, à balayer leurs émotions sous le tapis. Autrement dit, la socialisation des garçons les pousse à taire ce qu’ils ressentent. En grandissant, ils en viennent parfois à dissimuler leur stress et à adopter des comportements nuisibles pour gérer la douleur émotionnelle au lieu de demander de l’aide (Ogrodniczuk & Oliffe, 2011).

Face aux attentes sociétales qui les découragent de chercher du soutien en cas de difficulté, les hommes peuvent se tourner vers des stratégies d’adaptation dommageables. Ainsi, ils sont plus susceptibles de développer des problèmes de consommation et des comportements à risque, de ressentir de la colère et de la frustration et, trop souvent, à se suicider (Seager et coll., 2014; Ogrodniczuk & Oliffe, 2011).

Comment pouvons-nous donc aider les hommes de notre entourage à s’ouvrir et à parler de leurs problèmes de santé mentale, quand la plupart d’entre eux n’aiment pas parler de leurs sentiments? Le Centre for Suicide Prevention a lancé une campagne qui encourage les hommes à créer des liens les uns avec les autres.

La campagne Buddy Up est un appel à l’action lancé aux hommes, par des hommes, pour encourager les discussions authentiques entre hommes. La campagne, qui a été lancée en 2020, veut encourager les hommes à prendre le temps de prendre des nouvelles de leurs amis et à se soutenir mutuellement dans les moments difficiles. 

Bien que les hommes ne soient pas toujours prêts à demander de l’aide pour eux-mêmes, ils veulent apporter leur soutien à leurs amis et assurer leur sécurité. Voici quelques conseils tirés de la campagne pour engager la conversation avec un ami qui vous inquiète.

Prêtez attention : Tout changement notable dans le comportement d’un ami peut vous indiquer que quelque chose ne tourne pas rond. Par exemple, il n’envoie plus autant de textos ou ne téléphone plus autant, boit plus que d’habitude, semble fatigué et distant, dit que la vie est nulle, et se montre plus irritable ou en colère.

Engagez la conversation : Choisissez le bon moment (au téléphone, dans la voiture, lors d’un repas, etc.), puis mentionnez-lui les changements que vous avez remarqués. Vous pouvez dire quelque chose comme : « Je n’ai pas eu de tes nouvelles depuis quelque temps. Est-ce que tout va bien? » Essayez d’éviter de l’accuser ou de le faire se sentir mal.

Continuez la conversation : Posez-lui des questions et prenez le temps d’écouter ses réponses. Évitez de chercher à résoudre instantanément ses problèmes. Ne changez pas de sujet. Soutenez-le et reconnaissez ses sentiments en disant quelque chose comme : « Ça a l’air vraiment difficile ».

Si vous vous en faites encore pour lui, demandez-lui : « Est-ce que tu penses au suicide? » S’il vous répond par l’affirmative, pas de panique. Faites-lui savoir que vous êtes là pour lui, et que vous pouvez l’aider à trouver de l’aide.

Tenez-vous-en à votre rôle : N’oubliez pas que vous êtes son ami, pas son thérapeute. Proposez-lui d’appeler la ligne d’écoute Parlons suicide au 1 833 456-4566 (ou 1 866 277-3553 à partir du Québec), et offrez-lui d’être avec lui lors de l’appel. Ensuite, prenez de ses nouvelles régulièrement. En cas de plan de suicide imminent, contactez le 911 immédiatement et assurez-vous de ne pas laisser votre ami seul.

Cet article a été écrit en collaboration avec le Centre for Suicide Prevention, une filiale de l’ACSM.