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23 mars 2023
Les données recueillies au Canada sont claires : la pandémie a eu de lourdes conséquences et ses contrecoups se font toujours sentir sur la santé mentale des gens. Voilà pourquoi nous souhaitons vous mettre en garde contre de récents rapports qui suggèrent le contraire.
Une étude qui reçoit beaucoup d’attention dans les médias canadiens[1] est en effet susceptible de construire un narratif inexact et dommageable en ce qui a trait aux effets de la COVID-19 sur la santé mentale. L’Association canadienne pour la santé mentale s’en inquiète. Cette étude réalisée à l’Université McGill et publiée dans BMJ suggère que la pandémie n’a pas eu d’incidence négative importante sur la santé mentale. Or, il s’agit d’une étude comportant de nombreuses limites, que d’autres ont soulignées avant nous[2], notamment sur le plan méthodologique. En voici quelques exemples : la proportion de données canadiennes prises en compte est marginale (seulement 4 rapports sur 134); les données ont été fusionnées sans égard à leur provenance alors que la pandémie a été vécue de façon très différente d’un pays à l’autre; peu de données proviennent des groupes dont la santé mentale a été la plus éprouvée pendant la pandémie (personnes 2SLGBTQ+, jeunes); l’étude se concentre surtout sur les personnes qui avaient des problèmes de santé mentale préexistants et exclut par conséquent celles dont la détresse n’a pas évolué vers un état clinique pendant la pandémie.
Au Canada, l’expérience et les recherches[3] ont invariablement démontré un déclin de la santé mentale des Canadiennes et des Canadiens ainsi qu’une augmentation de la demande en services de santé mentale. Ainsi, Recherche en santé mentale Canada nous apprend que 56 % des personnes qui ont des besoins de santé mentale au pays n’obtiennent pas le soutien dont elles ont besoin[4]. Pendant ce temps, les besoins ont explosé. En Ontario, la demande en services de santé mentale pour adultes a augmenté de 47 % entre 2021 et 2022. Quant à la demande de services pour enfants et jeunes, elle a augmenté de 104 %[5].
Le déclin de la santé mentale des Canadiennes et des Canadiens se reflète également dans l’expérience des prestataires de services de santé mentale, qui ont observé une hausse fulgurante du nombre de personnes cherchant de l’aide[6]. Parallèlement, leur capacité à fournir des services a été mise à rude épreuve par les difficultés de financement et de main-d’œuvre[7] qui ont réduit encore davantage l’accessibilité pour la population.
L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) a elle aussi constaté une augmentation des besoins en services de santé mentale et un allongement des délais d’attente. Voici un aperçu de la situation sur le terrain :
De nombreuses personnes au Canada ont vécu une grande détresse, toujours présente dans bien des cas, pendant la pandémie et n’ont pas été en mesure d’obtenir du soutien. Nous devons investir dans le soutien en santé mentale et empêcher cette détresse d’évoluer vers la maladie.
Le narratif selon lequel tout le monde va bien, qui insiste sur la résilience des gens, suscite l’espoir. Cependant, il minimise, ou pire, invisibilise les difficultés bien réelles vécues par beaucoup de gens. Les répercussions de la pandémie ne représentent que l’une des crises qui affectent la population canadienne. Avec la crise des opioïdes, les catastrophes climatiques, l’insécurité économique et l’effondrement du système de santé, nous devons envoyer le message qu’il est fondamental de protéger la santé mentale des gens.
Nous vous exhortons, en tant que membres du gouvernement, à « Agir pour la santé mentale » face aux données très claires qui indiquent que les Canadiennes et les Canadiens ont besoin de soutien en santé mentale. Le fait que la pandémie a nui à la santé mentale ne fait aucun doute. Se permettre d’ouvrir un débat pourrait être dommageable et malavisé.
https://globalnews.ca/news/9538673/covid-19-mental-health-study/
https://montrealgazette.com/news/local-news/covid-pandemic-mental-health-suicide-impact
https://www.theguardian.com/society/2023/mar/08/covid-effect-mental-health-study-mcgill-university
[2] https://www.bmj.com/content/380/bmj-2022-074224/rapid-responses
[3] Recherche en santé mentale Canada : https://www.mhrc-rsmc.ca/faits-essentiels-sur-la-sante-mentale
Commission de la santé mentale du Canada :
https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2022-01/CCSA-COVID-19-Mental-Health-Substance-Use-Youth-2022-fr.pdf; https://mentalhealthcommission.ca/wp-content/uploads/drupal/2021-04/mhcc_ccsa_covid_leger_poll_fr.pdf
Association canadienne pour la santé mentale/Université de la Colombie-Britannique :
https://cmha.ca/fr/brochure/sante-mentale-les-consequences-de-la-covid-19-sur-les-populations-vulnerables-vague/; https://cmha.ca/wp-content/uploads/2021/07/ACSM-UBC-Vague-2-Resume-des-conclusions.pdf; https://www.ssph-journal.org/articles/10.3389/ijph.2022.1604685/full; https://cmha.ca/wp-content/uploads/2022/03/Resume-des-conclusions-UBC-4.pdf
[4] C. Richardson, T. Goodyear, A. Slemon, A. Gadermann, K. C. Thomson, Z. Daly, C. McAuliffe, J. Pumarino et E. Jenkins*. « Emotional response patterns, mental health, and structural vulnerability during the COVID-19 pandemic in Canada: A latent class analysis », BMC Public Health (2022). https://doi.org/10.1186/s12889-022-14798-y.
E. Jenkins, A. Slemon, C. Richardson, J. Pumarino, C. McAuliffe, K. C. Thomson, T. Goodyear, Z. Daly, L. McGuinness et A. Gadermann. « Mental health inequities amid the COVID-19 pandemic: Findings from three rounds of a cross-sectional monitoring survey of Canadian adults », International Journal of Public Health, vol. 67, no 1604685 (2022).
A. Slemon, C. Richardson, T. Goodyear, T. Salway, A. Gadermann, J. Oliffe, R. Knight, S. Dhari et E. Jenkins*. « Widening mental health and substance use inequities among sexual and gender minority populations: Findings from a repeated cross-sectional monitoring survey during the COVID-19 pandemic », Psychiatry Research, vol. 307, no 114327 (2022), https://doi.org/10.1016/j.psychres.2021.11432.
C. McAuliffe, J. Pumarino, K. C. Thomson, C. Richardson, A. Slemon, T. Salway et E. Jenkins*. « Correlates of suicidal ideation related to the COVID-19 pandemic: Repeated cross-sectional nationally representative Canadian data », Social Science and Medicine – Population Health, vol. 16, no 100988(2021), https://doi.org/10.1016/j.ssmph.2021.100988.
Autres travaux à ce sujet :
https://link.springer.com/article/10.1007/s00787-021-01744-3; https://sante-infobase.canada.ca/covid-19/enquete-sante-mentale/; https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(23)00073-1/fulltext
[5] Ontario Psychological Association. « Demand for Psychological Services Grew Over 50% in 2022 as Ontarians Increasingly Turn to Privately Delivered Care for Help » [Press release] (23 janvier 2023), https://www.psych.on.ca/About-Us/News-Media/2023/Demand-for-psychological-services-grew-over-50-in
[6] https://www.theglobeandmail.com/canada/article-ontario-kids-mental-health/
https://www.thestar.com/news/gta/2020/12/13/4-million-cries-for-help-calls-to-kids-help-phone-soar-amid-pandemic.html
https://www.psych.on.ca/About-Us/News-Media/2023/Demand-for-psychological-services-grew-over-50-in
[7] https://human-resources-health.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12960-023-00797-6