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L’histoire de Kristin : « La boulimie a mis un masque sur mon visage. » 

Pour Kristin, qui a grandi dans la culture des diètes des années 90, ne pas être mince a été difficile. 

Je n’ai pas grandi dans l’univers des médias sociaux, mais, pendant mon enfance et mon adolescence, il y avait les magazines, les séries télé et les nouvelles du monde du divertissement qui propageaient du contenu grossophobe et prominceur. Cela a eu une grande influence sur mon sentiment de valeur. 

Kristin vit avec des difficultés liées au poids depuis aussi longtemps qu’elle se souvienne, mais ce n’est qu’en 2010 que son trouble alimentaire s’est manifesté.   

« Ma boulimie a commencé en janvier 2010. Je venais d’avoir 24 ans. J’avais un jeune enfant et j’avais du mal à accepter mon corps de nouvelle maman. J’ai donc décidé de recommencer à suivre un régime. C’est quelque chose qui avait déjà fonctionné pour moi, mais cette fois-ci, je voulais perdre du poids plus rapidement, alors j’ai décidé d’aller vers des comportements purgatifs pour voir si ça fonctionnerait. Ça a fonctionné. Naïvement, je pensais que je pouvais arrêter à tout moment. J’avais tort. »  

Kristin n’est pas seule. En fait, près d’un million de personnes au Canada vivent avec un trouble alimentaire diagnostiquable1

Les troubles alimentaires sont des problèmes de santé mentale graves qui se répercutent sur l’identité, l’amour de soi et l’estime de soi globale d’une personne. Ils se traduisent par des perturbations sur le plan des pensées, des émotions et des comportements en lien avec la nourriture, l’alimentation et l’image corporelle. Différents facteurs peuvent être à l’origine des troubles alimentaires : la génétique et la biologie, des expériences négatives vécues pendant l’enfance, des traumatismes, l’oppression (notamment le racisme, le colonialisme et l’oppression fondée sur le genre), l’exposition aux médias et à une culture de la minceur, ainsi que des facteurs psychologiquesi. Bien qu’ils puissent toucher n’importe qui, les troubles alimentaires ont une incidence disproportionnée sur les ados et sur les femmes. 

Les troubles alimentaires les plus courants sont les suivants : 

Bien que les troubles alimentaires puissent toucher n’importe qui, peu importe l’âge, le genre, les capacités ou l’appartenance culturelle, la stigmatisation qui entoure ces troubles fait en sorte qu’il est souvent difficile pour les gens de chercher l’aide dont ils ont besoin.  

« Je n’en ai parlé à personne; ni à mes proches ni même à mon mari, et ce, pendant près de dix ans. Pendant toutes ces années, je n’ai même pas dit le mot à voix haute. C’était comme “ce mot qu’on ne doit pas prononcer”. Le trouble résidait entièrement dans ma tête et dans mes comportements boulimiques secrets. Pendant cette période, je me disais que, si j’étais la seule à le savoir, ce n’était peut-être pas si grave. Je me disais que si je gardais ça pour moi, ça voulait dire que j’étais en contrôle. J’avais peur d’en parler à quelqu’un à cause de la stigmatisation et je ne voulais pas blesser ou inquiéter les gens que j’aimais. Avec le recul, je m’aperçois qu’en réalité, rien de ce que je croyais n’était vrai. En gardant le trouble secret, j’ai fait plus de mal que de bien à mes proches et à moi-même. »  

Malgré la sensibilisation croissante en matière de santé mentale, les troubles alimentaires restent largement incompris.  

La plus grande méprise, à propos des troubles alimentaires, c’est de penser que les gens qui en souffrent ont quelque contrôle que ce soit sur leur maladie. Comme pour toute dépendance, les gens qui souffrent en raison d’un trouble alimentaire ont très peu de contrôle sur la maladie ou ses manifestations comportementales. J’ai moi-même fait preuve de naïveté en adoptant cette idée fausse pendant les dix premières années de mon trouble. Je pensais vraiment que je pouvais arrêter à tout moment, et que c’est justement ce que j’allais faire dès que je serais prête : arrêter. Ce n’est que lorsque j’ai finalement essayé d’arrêter que j’ai réalisé avec horreur que je n’y arrivais pas. Je n’ai pas pu m’arrêter. Je n’avais aucun contrôle sur la boulimie ou les comportements boulimiques. 

Les personnes qui ont un trouble alimentaire sont trop souvent blâmées pour leur trouble et déclarent intérioriser ce blâme, ce qui entraîne des sentiments de culpabilité et de honte. Cette façon qu’a la société de se représenter les troubles alimentaires perpétue également la stigmatisationii. Une personne ayant des symptômes d’un trouble alimentaire peut avoir honte ou se sentir coupable, et tenter de dissimuler ses habitudes alimentaires, ce qui rend difficile pour elle d’en parler à ses proches et de leur demander de l’aide. 

« C’est comme si, un jour, j’avais ouvert une porte et que, derrière cette porte, se trouvait une pièce appartenant à la boulimie. J’ai décidé d’y entrer pour voir de quoi ça avait l’air. Une fois à l’intérieur, je savais que ce n’était pas une bonne chose d’être là, mais la boulimie m’a mis un masque sur le visage et je me suis dit que j’aimais ça, que c’était correct. Je suis restée dans cette pièce en me disant que tout allait bien pendant dix ans. Dix ans à penser qu’aussi longtemps que je ne le disais pas à voix haute, ce n’était pas vraiment réel, et que j’allais bien. Dix ans à penser que je pouvais ouvrir la porte et sortir à tout moment. Lorsque j’ai finalement décidé que j’étais prête à ouvrir la porte pour sortir de la boulimie, la porte était verrouillée. »  

Il peut être difficile d’obtenir un traitement pour un trouble alimentaire, surtout pour les personnes qui, comme Kristin, vivent dans des zones rurales ou éloignées. En fait, le rapport L’état de la santé mentale 2024 de l’ACSM révèle que 2,5 millions de personnes ayant des besoins de santé mentale au Canada ont déclaré ne pas recevoir des soins adéquats. 

C’est du 1er au 7 février que se déroule la Semaine de sensibilisation aux troubles de l’alimentation (SSTA), un mouvement national visant à sensibiliser le public et à favoriser la compréhension des troubles alimentaires, tout en luttant contre la stigmatisation et les obstacles à l’accès aux soins.  

En racontant nos histoires, en offrant du soutien et en fournissant des ressources, nous pouvons aider les gens à comprendre que les troubles alimentaires ne sont pas un choix, mais un grave problème de santé mentale qui nécessite de la compassion, de la compréhension et un traitement.  

Si vous ou une personne que vous connaissez êtes aux prises avec un trouble alimentaire, veuillez communiquer avec votre ACSM locale, avec Anorexie et Boulimie (ANEB) Québec (si vous résidez au Québec) ou avec la National Initiative for Eating Disorders (NIED) (site en anglais) pour obtenir de l’aide.