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Lettre ouverte au gouvernement fédéral : Journée nationale de la vérité et de la réconciliation

L’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) appuie fermement l’autodétermination des peuples autochtones et la mise en œuvre des appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation du Canada. En cette Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, nous utilisons notre plateforme pour soutenir les demandes de la Thunderbird Partnership Foundation et de ses partenaires, c’est-à-dire que le gouvernement fédéral investit davantage dans les programmes et services de santé mentale et de toxicomanie dirigés par les Premières Nations, les Métis et les Inuits, afin de s’assurer que ceux-ci sont durables, équitables, adaptés à la culture des personnes qu’ils desservent, conscients des territoires, et qu’ils tiennent compte des traumatismes[1].

L’ACSM est un organisme communautaire qui offre un soutien en matière de santé mentale et de toxicomanie dans plus de 330 communautés à travers le pays. Elle est donc très consciente des disparités salariales, du sous-financement et de la sous-évaluation des services offerts par les organismes œuvrant hors du milieu hospitalier. Cette inégalité est particulièrement marquée dans le cas des programmes offerts par les organisations communautaires autochtones à l’intention des personnes autochtones. L’association est aussi préoccupée par le manque d’accès de la population autochtone à des services pertinents et adaptés à sa culture. La colonisation et la discrimination systémique contribuent aux traumatismes intergénérationnels, au racisme et aux inégalités structurelles dont souffrent les Premières Nations, les Inuits et les Métis. L’ACSM s’est engagée à démanteler les pratiques racistes et coloniales qui sont ancrées dans le système de santé mentale et dans notre propre histoire[2]. Nous croyons que l’incapacité du gouvernement fédéral à fournir des fonds pour réparer ces torts témoigne d’un manque d’engagement envers la réconciliation.

Au cours de la première année de la pandémie, le nombre de décès liés à l’empoisonnement aux opioïdes chez les membres des Premières Nations était nettement plus élevé que dans le reste de la population[3]. Il importe de reconnaître que le financement des programmes de traitement des dépendances pour les Premières Nations est insuffisant, et ce, depuis des décennies. Les salaires des intervenant.e.s en toxicomanie des Premières Nations sont près de 45 % moins élevés que ceux de leurs homologues provinciaux[4]. Les taux de consommation de substances augmentent, mais le taux de roulement du personnel dans les centres de traitement pour jeunes des Premières Nations s’élève à 50 %[5].

Il est essentiel d’accroître le financement des programmes de Santé Canada, comme le Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones (PNLAADA) et le Programme national de lutte contre l’abus de solvants chez les jeunes (PNLASJ), afin de préserver et de renforcer les mesures visant à faire face aux problèmes de santé liés à la consommation de substances et aux problèmes de santé mentale connexes auxquels sont confrontés les Premières Nations, les Métis et les Inuits. Malgré les récentes augmentations temporaires du financement fédéral, le financement actuel des programmes ne permet pas de parrainer des services communautaires de traitement des dépendances et de réduction des méfaits qui sont à la fois complets, adaptés à la culture et basés dans la communauté, ni d’offrir une rémunération adéquate aux intervenant.e.s en toxicomanie.

L’ACSM, faisant écho aux demandes de la Thunderbird Partnership Foundation et de ses partenaires, exhorte le gouvernement fédéral à poser des actions immédiates pour : 

  1. Reconnaître la nécessité d’un financement fédéral et procéder à une réévaluation complète de la formule de financement[6] actuelle afin de la moderniser. 
  2. Offrir une rémunération juste et équitable aux intervenant.e.s en toxicomanie du Programme national de lutte contre l’abus de l’alcool et des drogues chez les Autochtones (PNLAADA) et du Programme national de lutte contre l’abus de solvants chez les jeunes (PNLASJ) de Santé Canada, proportionnellement à leurs homologues provinciaux[7].
  3. Intégrer davantage les services et les programmes des gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux, en veillant à ce que tous les Autochtones aient accès à des services conformes à la Loi canadienne sur la santé.
  4. Accroître la transparence et la communication dans les structures de financement et augmenter la responsabilisation envers les populations autochtones.
  5. Tenir les provinces et les territoires responsables de leurs actions par la mise en place de conditions mesurables en lien avec les transferts en santé mentale.

Merci,

Margaret Eaton, Cheffe de la direction nationale
Association canadienne pour la santé mentale
250 rue Dundas Ouest, bureau 401
Toronto, ON M5T 2Z5
www.acsm.ca  

À propos de l’Association canadienne pour la santé mentale
Fondée en 1918, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) est l’organisme communautaire du secteur de la santé mentale le plus vaste et le plus reconnu au Canada. Présente dans plus de 330 collectivités réparties dans toutes les provinces canadiennes et l’un des territoires, l’ACSM œuvre en défense des droits et fournit des programmes ainsi que des ressources qui contribuent non seulement à prévenir les problèmes de santé mentale et les maladies mentales, mais aussi à soutenir le rétablissement et la résilience, permettant ainsi à chaque Canadien.ne de s’épanouir pleinement.

Le bureau national de l’Association canadienne pour la santé mentale est situé à Toronto, sur le territoire traditionnel et non cédé des Mississaugas de New Credit, des Haudenosaunee et des Hurons-Wendat.


[1] https://cmha.ca/fr/brochure/memoire-prebudgetaire-2022/

[2] https://cmha.ca/fr/lassociation-canadienne-pour-la-sante-mentale-au-sujet-de-la-reconciliation-et-la-sante-mentale/

[3] https://www.fnha.ca/Documents/FNHA-First-Nations-in-BC-and-the-Overdose-Crisis-Infographic.pdf et https://chiefs-of-ontario.org/chiefs-of-ontario-calls-for-action-to-address-rise-of-opioid-related-deaths-among-first-nations-in-ontario/

[4] Thunderbird Partnership Foundation. 2022. « Building Sustainable Equity in First Nations Addictions Treatment Programs ».

[5] https://thunderbirdpf.org/wp-content/uploads/2015/01/24-14-1273-FN-Mental-Wellness-Framework-EN05_low.pdf

[6] Plus précisément, la formule de Berger, un outil dépassé qui est utilisé par le gouvernement fédéral pour déterminer le montant à investir dans ces programmes et installations. Cette formule de financement sous-estime largement les ressources nécessaires à la mise en œuvre efficace des programmes.

[7] Le PNLAADA et le PNLASJ sont des programmes de santé mentale et de traitement des dépendances qui s’adressent principalement aux communautés des Premières Nations, à la fois sur les réserves et hors de celles-ci. Ensemble, ces deux programmes permettent de financer 52 centres de traitement (dont 10 pour les jeunes) dans neuf provinces, environ 700 lits de traitement, plus de 500 programmes communautaires de lutte contre l’alcoolisme et les autres dépendances, ainsi que l’emploi d’environ 730 intervenant.e.s communautaires. Bien que ces deux programmes dans les communautés des Premières Nations sont financés par le gouvernement fédéral, il ne faut pas sous-estimer l’importance du rôle des gouvernements provinciaux et territoriaux. Les provinces et les territoires doivent fournir les services de soins de santé dans leur administration géographique respective, mais ces services ne sont pas offerts en assez grande quantité dans les communautés des Premières Nations pour soutenir le niveau de soins requis.