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Le courage de ressentir et de se rétablir : la santé mentale des hommes compte 

Lorsque la peur de vivre de la stigmatisation a découragé Hassaan de demander de l’aide pour son anxiété sociale, il s’est retrouvé dans une profonde dépression. Il affirme que son histoire n’est pas unique. « J’ai vu de mes propres yeux comment certains de mes amis et de mes pairs ont aussi été affectés par des problèmes de santé mentale vécus en silence. »

Animé du désir de contribuer à mettre fin à la stigmatisation et de plaider pour que les hommes obtiennent l’aide dont ils ont besoin et qu’ils méritent de recevoir, Hassaan s’est joint au Conseil national des personnes ayant une expérience vécue (CNPEV) de l’ACSM . Maintenant, en racontant son expérience, qui est aussi celle de beaucoup d’hommes, il espère inspirer le changement. « Si je peux aider ne serait-ce qu’une seule personne, ou inciter quelqu’un à demander de l’aide, ça vaut la peine. » 

Dans un sondage de 2020, 22,8 % des hommes au Canada ont déclaré que leur santé mentale était mauvaise ou passablei. ‌Hassaan croit que si un besoin de soutien existe manifestement chez les hommes, l’un des plus grands obstacles à la demande d’aide pour eux sont les idées toxiques véhiculées dans la société sur ce qu’un homme est et devrait être. « On attend des hommes qu’ils soient déraisonnablement forts, indépendants et endurcis. » Voilà un stéréotype qui empêche les hommes d’aller chercher de l’aide et d’avoir accès à des services de santé mentaleii. Hassaan explique qu’il fait sa part pour que les discours changent, notamment en donnant l’exemple : « Je parle ouvertement de ma thérapie. J’en fais mention au passage à mes proches, pour normaliser le fait d’en suivre une. » 

Toutefois, il n’a pas toujours été ouvert à parler de sa santé mentale. Quand il venait de commencer à éprouver des difficultés, il n’en parlait même pas à ses amis les plus proches, car il craignait d’être jugé s’il exprimait ses émotions et d’être perçu comme faible. « Les amitiés entre hommes tendent à être superficielles; nous n’allons pas souvent vers les autres pour obtenir du soutien émotionnel. » La bonne nouvelle, c’est que sept hommes sur dix déclarent avoir toujours ou souvent quelqu’un sur qui compter; c’est-à-dire quelqu’un vers qui se tourner lorsque les choses deviennent difficilesiii.  

Selon Hassaan, le fait qu’il y a peu de thérapeutes masculins fait aussi obstacle à la recherche d’aide par les hommes. « J’ai eu une assez bonne expérience de la thérapie, mais ça n’a pas été simple de trouver le professionnel qui me convenait étant donné le nombre restreint d’hommes dans la profession. » Hassaan a trouvé utile de travailler avec un thérapeute masculin dans son parcours, car c’était plus facile d’établir un lien avec lui et de s’y identifier. 
 
Lorsqu’on lui demande comment les proches et les communautés peuvent mieux répondre aux besoins de santé mentale des hommes, Hassaan souligne l’importance d’aborder le sujet en douceur, et suggère aux gens de commencer par créer un climat de confiance et par parler de comment ils vont eux-mêmes, en toute franchise. « Si leur ami se sent assez en sécurité pour leur parler, ça leur montre qu’eux aussi seraient en sécurité pour lui parler. » Hassaan croit également qu’il est important de se renseigner sur la santé mentale et sur les signes précurseurs potentiels qui se présentent parfois de façon caractéristique chez les hommes, indiquant que la personne vit des difficultés. 

Voici des exemples de signes précurseurs : 

Des 4 000 décès par suicide estimés au Canada chaque année, 75 % sont des hommesiv. En connaissant les signes précurseurs et en sachant les reconnaître, vous pouvez aider les hommes qui font partie de votre vie à obtenir l’aide dont ils ont besoin. 
 
De l’aide est disponible : 

Hassaan a 24 ans et travaille en communication et en transfert de connaissances chez Inclusion Canada. Il est étudiant à la maîtrise en counseling et espère devenir thérapeute pour réaliser son aspiration d’aider les hommes à améliorer leur santé mentale.  

Si vous-même ou un être cher êtes en difficulté, n’hésitez pas à communiquer avec l’ACSM de votre région. Le 9-8-8 offre aussi du soutien à quiconque pense au suicide ou s’inquiète pour une personne de son entourage. Une intervenante ou un intervenant pourra vous apporter de l’aide sans jugement. En tout temps, appelez ou envoyez un texto au numéro sans frais 9-8-8 pour obtenir du soutien en français ou en anglais.‌ Composez le 9-8-8 (sans frais, 24 h sur 24) ou envoyez un texto au 9-8-8 (sans frais, 24 h sur 24). Pour en savoir plus, visitez le https://988.ca/fr


i Statistique Canada. (2021). Santé mentale des Canadiens – Fichier de microdonnées à grande diffusion (2020). 
ii S. K. McKenzie, J. L. Oliffe, A. Black, et S. Collings (2022). Men’s experiences of mental illness stigma across the lifespan: a scoping review. American journal of men’s health, vol. 16, no 1, 15579883221074789. (en anglais) 
iii Avoir quelqu’un sur qui compter selon le genre et la province (statcan.gc.ca) 
iv La santé mentale et le suicide chez les hommes au Canada (commissionsantementale.ca)