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Journée mondiale des troubles bipolaires : Bill se confie sur sa vie avec un trouble bipolaire
19 mars 2025
Bill a commencé à vivre avec un trouble bipolaire bien avant d’avoir reçu un diagnostic officiel. Originaire d’une région rurale de l’Alberta, Bill a commencé à montrer des signes de dépression à l’université. Ce qui n’était pas clair à l’époque, c’est que Bill vivait un épisode dépressif caractéristique du trouble bipolaire.
Le trouble bipolaire est un trouble de santé mentale important et de longue durée, caractérisé par des fluctuations extrêmes de l’humeur1.
Il est courant que l’humeur évolue au fil du temps, tout comme les émotions. Or, pour les personnes vivant avec un trouble bipolaire, ces sautes d’humeur peuvent être extrêmes et causer des difficultés dans tous les aspects de leur vie, y compris à la maison, au travail et à l’école.
Un épisode dépressif chez une personne ayant un trouble bipolaire ressemble à d’autres types de dépression, tandis que la manie se caractérise par une euphorie inhabituelle et d’autres symptômes susceptibles de rendre difficile le fonctionnement quotidien. En raison des nombreux symptômes associés au trouble bipolaire, le diagnostic est souvent difficile.
Il existe deux principaux types de trouble bipolaire2 :
- Les personnes ayant un trouble bipolaire de type I connaissent un ou plusieurs épisodes maniaques entrecoupés d’épisodes dépressifs, qui tendent généralement à devenir plus fréquents avec le temps (par rapport aux épisodes maniaques).
- Les personnes ayant un trouble bipolaire de type II connaissent un ou plusieurs épisodes hypomaniaques (une euphorie moins intense que celle ressentie pendant un épisode maniaque, mais tout de même anormalement élevée) et au moins un épisode dépressif, sans antécédents d’épisodes maniaques.
Malgré les difficultés de Bill avec la dépression à l’université et les signes de plus en plus apparents que quelque chose n’allait pas, il lui a fallu lutter pendant des années avant de recevoir de l’aide. Il a connu son premier épisode maniaque en 1988, au cours de laquelle il a travaillé 221 jours sans interruption. « J’étais vraiment en pleine forme, mais j’ai dû prendre six mois de congé après », affirme-t-il.

Bien qu’il ne le voyait pas lui-même, les nombreuses heures supplémentaires de Bill et ses commentaires sur le suicide ont suscité l’inquiétude de ses proches, y compris ses collègues, qui l’ont encouragé à obtenir un diagnostic. « Ce n’est qu’à l’âge de 31 ans que j’ai reçu un diagnostic officiel, et les choses n’ont fait qu’empirer à partir de ce moment-là », explique-t-il. À la fin des années 1990, Bill a réalisé que son trouble de santé mentale l’empêchait de conserver un emploi. « Les changements d’humeur étaient tout simplement trop extrêmes », déclare-t-il.
Lorsque votre amie la plus proche ne croit même pas que quelque chose cloche… disons que je me suis senti très seul.
De nombreuses personnes vivant avec un trouble bipolaire doivent également composer avec la stigmatisation. Bill en a fait l’expérience lorsqu’il a tenté de se confier à une amie au sujet de son trouble mental. « Elle ne croyait tout simplement pas aux troubles de santé mentale. Elle pensait que c’était des balivernes », se souvient-il. « Lorsque votre amie la plus proche ne croit même pas que quelque chose cloche… disons que je me suis senti très seul. »
Mais Bill n’a pas cessé de tenter de s’exprimer et de sensibiliser les gens. En tant que bénévole à l’ACSM, Bill a trouvé le courage de partager son histoire avec les autres. « Il y a moins de stigmatisation aujourd’hui qu’il y a 25 ans », se réjouit-il. « Les gens sont plus disposés à accepter que les troubles de santé mentale sont bien réels. Ils ne les comprennent peut-être pas, mais ils sont prêts à admettre que de tels troubles existent et que des personnes en ont.
Lorsqu’il décrit la différence entre ses épisodes maniaques et dépressifs, Bill explique : « Pendant un épisode maniaque, je ressens toujours ce désir incontrôlable de travailler. En général, c’est lorsque je me sens surstimulé que la manie prend le dessus. La plupart du temps, je peux voir la situation arriver, et j’ai tendance à m’isoler pendant ces périodes. Avec la dépression, c’est comme si mon esprit et mon corps se fermaient complètement. Tout me semble une montagne et, mis à part les médicaments, prendre soin de moi est la seule chose qui fait une différence. »
Et que signifie prendre soin de soi pour Bill? Il reconnaît volontiers que le bénévolat l’aide à gérer son trouble. « Les gens ont besoin d’une cause à laquelle se dévouer, quelque chose qui puisse leur faire oublier leurs difficultés », soutient-il. « Le bénévolat a eu un impact positif pour moi, et c’est une façon de redonner à la communauté. »
Bénévole à l’ACSM depuis 27 ans, Bill saisit toutes les occasions de sensibiliser les gens et de défendre les intérêts des personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale. Bill agit également à titre de conseiller communautaire pour le 9-8-8, la ligne d’aide en cas de crise de suicide au Canada. « J’ai moi-même dû faire appel à ce service, ce qui m’a sauvé la vie à deux reprises. J’ai donc une petite idée de ce que vivent les gens qui y ont recours. »
Bill a également pu compter sur le précieux soutien d’une infirmière psychiatrique communautaire. « Elle m’a tenu la main pendant mes épisodes dépressifs majeurs, lorsque les choses devenaient si sombres que je ne pouvais plus fonctionner du tout », raconte-t-il. « Elle a été là pour moi à de nombreuses reprises. »
Cependant, tout le monde ne bénéficie pas de ce type de soins. Aujourd’hui, au Canada, la santé mentale n’est pas valorisée au même titre que la santé physique. Les personnes ayant besoin de soins de santé mentale se heurtent souvent à de longs délais d’attente, si tant est qu’elles puissent obtenir des soins.
J’aimerais qu’un jour nous puissions aller chez le médecin et recevoir des soins de santé mentale comme c’est le cas pour la grippe.
Bill reste pourtant optimiste quant à l’avenir. « J’aimerais qu’un jour nous puissions aller chez le médecin et recevoir des soins de santé mentale comme c’est le cas pour la grippe », renchérit-il. « Et je pense que nous finirons par y parvenir. Combien de temps cela prendra, je l’ignore. Mais je pense que nous y parviendrons. »
Le 30 mars est la Journée mondiale des troubles bipolaires, une initiative mondiale visant à sensibiliser les gens, à mieux faire comprendre les troubles bipolaires, ainsi qu’à éliminer la stigmatisation sociale.
Si vous ou une personne que vous connaissez êtes aux prises avec un trouble bipolaire ou un autre trouble de l’humeur, veuillez communiquer avec votre ACSM locale ou avec la Société pour les troubles de l’humeur du Canada (STHC) pour obtenir de l’aide.
Bill a 67 ans et vit à Saskatoon, en Saskatchewan. Lorsqu’il ne se consacre pas au bénévolat, il aime faire du scrapbooking, regarder la télévision et passer du temps avec son animal de soutien émotionnel, Scrappy.
1 APA Dictionary of Psychology (en anglais seuelement)
2 Trouble bipolaire