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Converger vers un véritable changement : réflexions suivant un sommet décisif sur les politiques en santé mentale 

Par Margaret Eaton

Pendant quelques heures le mois dernier, le Centre national des arts d’Ottawa a fait salle comble autour d’une préoccupation commune : la santé mentale des Canadiennes et des Canadiens. Nous y avons apporté nos parcours professionnels variés et nos expériences individuelles uniques; toute affiliation politique était secondaire face à cet objectif partagé qui nous réunissait.

La compassion (c’était le thème de la 73e Semaine de la santé mentale de l’ACSM, au cours de laquelle l’événement avait lieu) a contribué à la tenue de ce sommet sur la santé mentale, mais elle n’en a pas été l’unique force motrice. Le courage politique des parlementaires qui l’ont organisé a été un élément essentiel.

Le sommet a été rendu possible grâce au leadership du député Matt Jeneroux (Parti conservateur du Canada) qui, avec ses collègues Gord Johns (NPD), Majid Jowhari (Parti libéral du Canada) et Julie Vignola (Bloc québécois), voulait essayer quelque chose de nouveau. Reconnaissant que nous pouvons et devons faire mieux en matière de santé mentale au Canada, ces parlementaires ont uni leurs efforts afin de créer des conversations respectueuses, constructives et parfois difficiles sur les voies d’avenir possibles.

Le sommet s’est ouvert sur une discussion sur la santé mentale des jeunes, puis s’est poursuivi par des panels sur l’expérience des hommes et des personnes de la diversité de genre. Des figures de proue de l’ensemble du secteur de la santé mentale ont parlé des défis sur le terrain et des transformations requises pour répondre aux besoins en santé mentale au sein même des communautés. Un changement systémique est de mise, non seulement pour renforcer notre bien-être psychologique collectif, mais aussi pour mieux aiguiller les personnes en crise : plutôt que de les orienter vers les hôpitaux et la police, offrons-leur des soins orientés vers la communauté. On nous a également présenté des exemples éclatants de soins de proximité aujourd’hui offerts dans différentes régions du pays.

Grâce aux familles, à la pair-aidance et aux programmes en milieu scolaire, les organismes représentés au sommet aident les gens à obtenir du soutien près de chez eux, auprès de personnes dont ils sont proches. Des loisirs aux logements sécuritaires, une diversité de services sont proposés dans leurs locaux afin d’offrir les expériences dont tout le monde a besoin pour s’épanouir au quotidien. Ces organismes s’efforcent d’aider le personnel de première ligne, lui qui se dévoue pour aider les autres, à prévenir l’épuisement professionnel et à rester en santé.

Le sommet l’a bien mis en évidence : les organismes communautaires sont à l’avant-garde de la prestation de soins hautement efficaces en matière de santé mentale et de santé liée à l’utilisation de substances psychoactives. Il a cependant fait ressortir une autre réalité, qui cause un tort incommensurable : ces organismes ne disposent pas du soutien nécessaire pour répondre aux besoins des communautés qu’ils servent. Des gens souffrent, tout comme leurs proches, le personnel de première ligne et les établissements qui travaillent sans relâche pour répondre à leurs besoins.

Imaginons notre système de soins de santé mentale telle une courtepointe enveloppant l’ensemble de la population canadienne. Pour que cette courtepointe soit digne d’un pays véritablement bienveillant, nous avons besoin de plus de planification, de coordination et de ressources. Nous devons nous assurer qu’elle n’est pas trouée et que les morceaux de tissu qui la composent sont bien cousus, pour que personne ne tombe entre ses mailles.

Si nous avons le moindre espoir d’achever de la coudre, nous avons besoin de plus de courage politique. Cela implique une collaboration transpartisane et, en fin de compte, une action législative et politique. C’est une proposition que nous faisons souvent à l’Association canadienne pour la santé mentale.

La première étape est de remédier à l’exclusion des services de santé mentale et de santé liée à l’utilisation de substances – en particulier ceux qui sont offerts par les organismes communautaires en dehors des hôpitaux et des bureaux de médecins – de notre système de santé public et universel. Le système de santé mentale de l’avenir repose sur un financement fédéral permanent et prévisible; sur la responsabilisation des provinces et des territoires en matière de dépenses et des mesures de reddition de compte partagées; et sur une souplesse suffisante pour permettre aux communautés de répondre aux besoins locaux.

En l’absence de ces éléments, la courtepointe continuera de s’effilocher et de laisser les gens filer entre ses mailles, sans l’aide dont ils ont besoin. Nous pouvons et devons faire mieux.

Poursuivons sur la lancée du sommet, de la Semaine annuelle de la santé mentale, et des moments de compassion, d’échange et d’apprentissage qu’ils ont tous deux suscités. Continuons à trouver des points de convergence et à travailler ensemble pour opérer un véritable changement. Métamorphosons la prestation des soins de santé mentale au Canada, pour notre bien collectif.