Menu
Close
Schizophrénie et troubles psychotiques
7 mai 2025
Les troubles psychotiques, dont la schizophrénie, sont des troubles mentaux qui affectent la façon dont une personne comprend et interagit avec le monde qui l’entoure. Lorsqu’une personne vit avec la psychose, elle peut avoir des pensées intrusives ou de fausses croyances, des hallucinations, des délires, un discours désorganisé ou être déconnectée de la réalité. Les troubles psychotiques tels que la schizophrénie font partie des maladies les plus mal comprises et les plus stigmatisées de notre société. Bien que la psychose puisse être angoissante et affecter considérablement le bien-être d’une personne, les troubles psychotiques peuvent être traités. Avec des soins et un soutien appropriés, un rétablissement est tout à fait envisageable.
Que sont les troubles psychotiques et la schizophrénie?
La psychose n’est pas une maladie en soi, mais plutôt un ensemble de symptômes. Il s’agit d’une caractéristique commune de la schizophrénie et de certains troubles de l’humeur (notamment, le trouble bipolaire), du trouble de l’usage de substances et des troubles du développement et neurologiques tels que les maladies d’Alzheimer et de Parkinson.[i]
Chaque personne vivant avec la psychose relate une expérience distincte. Lors d’un épisode psychotique, une personne peut avoir l’impression que les choses autour d’elles semblent différentes ou étranges. Elle peut éprouver des difficultés à se concentrer, à penser ou à communiquer clairement, ou encore à pratiquer ses activités habituelles. Elle peut également se sentir déconnectée de la réalité. Les symptômes peuvent se présenter sous la forme d’hallucinations (des sensations qui ne sont pas réelles, comme des voix qui n’existent pas), ou encore de délires (des croyances fermes, mais erronées, comme la conviction d’avoir des superpouvoirs). Enfin, elle peut éprouver un sentiment de vide ou d’apathie; son humeur, sa motivation et sa capacité à réaliser des tâches peuvent aussi être affectées.
Chez les personnes qui développent la schizophrénie, l’évolution de la maladie et ses effets varient d’une personne à l’autre. Certaines ne connaissent qu’un seul épisode au cours de leur vie, suivi de périodes de rétablissement, tandis que d’autres peuvent présenter des symptômes persistants. Certaines personnes vivent une psychose sans signes précurseurs, tandis que d’autres en perçoivent. Quelle que soit la manière dont la schizophrénie se manifeste, les chercheuses et chercheurs s’accordent à dire qu’un traitement précoce peut contribuer à en réduire les effets.
Qui sont les gens touchés?
La psychose peut toucher n’importe qui. Un petit pourcentage de la population canadienne – environ 1 % – reçoit un diagnostic de schizophrénie, considérée comme une forme grave et persistante de trouble mental qui, si elle n’est pas traitée, peut avoir de graves répercussions négatives sur la vie d’une personne.[ii] Dans le cas de la schizophrénie en particulier, les symptômes apparaissent généralement à l’adolescence.
On pense également qu’il existe un continuum d’expériences et de troubles psychotiques au sein de la population générale. Les personnes qui consomment des substances, en particulier des amphétamines, de la cocaïne et du cannabis, courent un risque plus élevé.[iii] L’incidence de la psychose est également plus élevée chez les personnes racisées, les gens nouvellement arrivés au Canada et les femmes ayant récemment donné naissance. Les chercheuses et chercheurs pensent que cela pourrait être lié à des traumatismes, au stress chronique du racisme et de la pauvreté, ainsi qu’à des facteurs tels que la privation de sommeil. Le stress et les changements hormonaux durant la période post-partum peuvent déclencher une psychose.[iv] Cela montre que le développement d’un trouble psychotique ne dépend pas seulement des gènes et du développement du cerveau, mais aussi des événements de vie et des conditions sociales.[v]
Les troubles liés à la consommation de substances psychoactives sont fréquents chez les personnes vivant avec une psychose sévère et persistante; environ la moitié des personnes atteintes de schizophrénie développeront un trouble de l’usage de substances au cours de leur vie.[vi] Bien que beaucoup consomment des substances pour tenter de faire face aux symptômes pénibles de la psychose, cette pratique peut aggraver les symptômes psychotiques, en plus d’être associée à d’autres problèmes de santé pouvant nuire à la qualité de vie.[vii]
Que faire face aux troubles psychotiques?
Les troubles psychotiques répondent souvent bien aux traitements médicamenteux, et de nombreuses personnes vivant avec la psychose parviennent à gérer leurs symptômes et à retrouver une bonne santé. Outre la prise de médicaments prescrits, il existe plusieurs moyens de gérer les symptômes : adopter de nouvelles stratégies d’adaptation et solutions, obtenir du soutien supplémentaire, et veiller à avoir un bon sommeil, à faire de l’exercice physique et à prendre soin de soi. La plupart des personnes combinent plusieurs formes de traitements et de mesures de soutien.
Prendre soin de soi est important pour tout le monde. De petits gestes comme manger sainement, faire de l’exercice régulièrement, adopter de bonnes habitudes de sommeil, consacrer du temps à des activités plaisantes, nourrir sa spiritualité et maintenir des liens avec ses proches peuvent faire une grande différence.
Médication
Les médicaments appelés antipsychotiques peuvent contribuer à réduire la gravité des symptômes tels que les hallucinations et les délires, voire à les éliminer complètement. Il existe de nombreux médicaments antipsychotiques; il peut donc falloir du temps et de la patience pour trouver celui qui vous convient le mieux.
Tous les médicaments peuvent avoir des effets secondaires, dont certains peuvent être déplaisants ou difficiles à supporter. Il est important de maintenir un dialogue ouvert et régulier avec votre médecin afin qu’elle ou il comprenne comment le médicament vous affecte, vous conseille sur les mesures à prendre et vous propose d’autres options.
Counseling et soutien
Le counseling peut aider à résoudre de nombreux problèmes tels que la morosité, l’anxiété et les difficultés relationnelles. Il permet d’acquérir des compétences utiles telles que la résolution de problèmes et l’établissement d’objectifs. Certaines thérapies visent également à réduire l’impact des délires et des hallucinations. La schizophrénie peut avoir des conséquences sur l’autonomie d’une personne ainsi que sur ses projets de vie liés aux études ou au travail. Des spécialistes en ergothérapie et en travail social peuvent apporter une aide en ce qui a trait aux activités quotidiennes, aux aptitudes sociales, à la formation à l’emploi ou au bénévolat, et aux activités communautaires. Ces spécialistes peuvent également vous orienter vers des ressources d’aide telles que les soins à domicile ainsi que l’aide au logement et au revenu.
Le traitement des troubles liés à la consommation de substances peut jouer un rôle important dans la gestion des symptômes et le retour à un état de mieux-être. Des interventions psychosociales, telles que la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), l’organisation des contingences (OC), le suivi intensif dans le milieu (SIM) et la thérapie de groupe, se sont révélées efficaces pour améliorer les symptômes et le fonctionnement général.[viii]
Une grande partie de la prise en charge de la schizophrénie et des troubles psychotiques consiste à gérer les symptômes. Vous pouvez apprendre à repérer les éléments déclencheurs d’une psychose et à reconnaître les signes précurseurs. L’objectif est de savoir quand chercher un soutien supplémentaire, ce qui peut contribuer à atténuer l’impact des symptômes.
En cas de psychose sévère, il se peut que vous deviez recevoir un traitement à l’hôpital. Le personnel soignant devrait pouvoir vous aider à déterminer les prestataires de services (médecins, conseillers et conseillères, et travailleuses sociales et travailleurs sociaux) qui participeront à votre prise en charge après votre sortie de l’hôpital. Il est important d’avoir une équipe de soins au sein de la communauté.
Les troubles psychotiques et la schizophrénie peuvent entraîner un fort sentiment d’isolement et de solitude. Parfois, de nombreuses personnes vivant avec les symptômes de ces troubles se sentent mal à l’aise en présence d’autrui et craignent le regard ou le jugement des autres. Cela s’explique en partie par la stigmatisation importante qui entoure la schizophrénie et la psychose dans notre société. Le soutien de vos proches peut être très bénéfique. Les groupes de soutien et les personnes paires-aidantes peuvent également vous aider. Votre ACSM locale peut être en mesure de vous mettre en contact avec les bonnes personnes-ressources.
Comment aider un être cher?
Soutenir une personne proche peut s’avérer difficile. Il n’est pas toujours facile de comprendre ce qu’elle vit, et son comportement peut parfois sembler déroutant. Beaucoup de gens s’inquiètent de l’avenir de leur proche. La bonne nouvelle, c’est que la schizophrénie et les autres troubles psychotiques peuvent être traités — et que l’amour et le soutien peuvent réellement changer la donne. Voici quelques conseils pour aider un être cher :
- Renseignez-vous sur la schizophrénie et les troubles psychotiques afin d’avoir une meilleure idée de ce à quoi vous attendre et de la manière d’apporter votre aide.
- Encouragez votre proche à éviter de consommer des substances, en particulier le cannabis et les stimulants, car ils peuvent aggraver les symptômes.
- Sachez que les symptômes de la schizophrénie et des troubles psychotiques peuvent nuire considérablement à la capacité de concentration et de compréhension. Votre proche pourrait réagir de façon inattendue ou avoir du mal à accomplir des tâches qui vous paraissent simples. Il est normal de se sentir frustré, mais ce n’est la faute de personne.
- Si votre proche a du mal à suivre une conversation, choisissez un endroit calme et essayez de parler doucement et clairement.
- Il vaut mieux éviter de contredire les idées délirantes ou les hallucinations d’une personne. Une stratégie plus utile consiste à écouter ou à se concentrer sur les émotions que ces expériences suscitent chez la personne.
- Demandez à votre proche comment vous pouvez l’aider. Il peut s’agir simplement d’offrir un coup de main avec les tâches quotidiennes.
- Lorsque votre proche se sent bien, discutez ensemble de la manière dont vous pourriez l’aider en cas de crise ou d’urgence, et définissez votre rôle. Créez un plan de crise et communiquez-le à l’équipe soignante. C’est aussi un bon moment pour parler des comportements que vous ne pouvez pas accepter.
- Renseignez-vous sur les services de soutien disponibles auprès de l’équipe soignante de votre proche, des services de santé provinciaux ou territoriaux ou des organisations communautaires.
- Selon les défis que votre proche doit surmonter, planifier son avenir à l’aide d’outils tels qu’un régime enregistré d’épargne-invalidité peut vous apporter une certaine tranquillité d’esprit.
- Fixez vos propres limites et cherchez du soutien pour vous-même lorsque vous en avez besoin. Envisagez de rejoindre un groupe de soutien pour les proches, de consulter une personne paire-aidante famille et de recourir au counseling.
Où trouver de l’aide supplémentaire?
Pour en savoir plus sur les services d’aide et les ressources disponibles dans votre région, communiquez avec un organisme communautaire comme l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM). Trouvez votre ACSM locale.
[i] Arciniegas, David B. Psychosis, Continuum 21.3 (2015) : 715-36.
[ii] Lecomte, Tania, Jean Addington, Chris Bowie, Martin Lepage, Stéphane Potvin, Jai Shah, Chris Summerville et Phil Tibbo, « The Canadian Network for Research in Schizophrenia and Psychoses: A Nationally Focused Approach to Psychosis and Schizophrenia Research », Canadian Journal of Psychiatry 67.3 (2021) : 172-75.
[iii] Leboyer, Marion, José Oliveira, Ryad Tamouza et Laurent Groc, « Is it time for immunopsychiatry in psychotic disorders? » Psychopharmocology 233 (2016) : 1651-60.
[iv] Jones, Ian, « Postpartum psychosis : An important clue to the etiology of mental illness », World Psychiatry 19.3 (2020).; Faber, Sonya C., Anjalika Khanna Roy, Timothy Michaels et Monnica T. Williams, « The weaponization of medicine : Early psychosis in the Black community and the need for racially informed mental healthcare », Frontiers in Psychiatry 9.14 (2023).
[v] DeRosse, Pamela et Katherine H. Karlsgodt, « Examining the Psychosis Continuum », Current Behavioral Neuroscience Rep 2(2015) : 80-9.
[vi] Cohen-Laroque, Julia Cohen, Inès Grangier, Natacha Perez, Matthias Kirschner, Stefan Kaiser et Michel Sabé, « Positive and negative symptoms in methamphetamine-induced psychosis compared to schizophrenia : A systematic review and meta-analysis », Schizophrenia Research 267 (2024) : 182-90; Khokhar, Jibran Y., Lucas Dwiel, Angela Henricks, Wilder T. Doucette, et Alan I Green, « The Link Between Schizophrenia and Substance Use Disorder : A Unifying Hypothesis », Schizophrenia Research 14.194 (2017) : 194-85.
[vii] Siddiqui, Salsabil, Dhvani Mehta, Alexandria Coles, Peter Selby, Marco Solmi et David Castle, « Psychosocial Interventions for Individuals with Comorbid Psychosis and Substance Use Disorders : Systematic Review and Meta-analysis of Randomized Studies », Schizophrenia Bulletin 2024.
[viii] Siddiqui et coll., 2024.