Vous pensez au suicide ou vous vous inquiétez pour une personne proche de vous? Pour obtenir du soutien, appelez ou textez le 9-8-8 en tout temps.

Vous êtes présentement sur le site Web :

national

Visitez nos sites Web provinciaux

Comparution de l’ACSM devant le Comité permanent de la santé

Le 23 mars 2022, la cheffe de la direction nationale de l’ACSM, Margaret Eaton, a comparu devant le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes pour discuter de la situation d’urgence à laquelle les Canadiennes et Canadiens font faces avec la pandémie de la COVID-19.

« Merci beaucoup.

Bonjour. Je m’appelle Margaret Eaton et je suis cheffe de la direction nationale de l’Association canadienne pour la santé mentale, l’ACSM, le plus grand réseau communautaire en matière de santé mentale au Canada. L’ACSM a été fondée en 1918 et compte 330 centres communautaires dans les 10 provinces canadiennes et au Yukon. Nous rejoignons plus de 1,3 million de personnes chaque année et nous employons 7 000 personnes à travers le pays.

Les ACSM sont des organismes de bienfaisance qui offrent gratuitement du soutien en santé mentale à quiconque en a besoin, y compris des programmes de counseling, de psychothérapie, de traitement de la toxicomanie ou pour les jeunes, ainsi que des services de logement et d’emploi. Les centres de l’ACSM contribuent à réduire les séjours en hôpital en intervenant rapidement pour favoriser une bonne santé mentale et prévenir les troubles associés.

Nos recherches récentes indiquent que la plupart des Canadiennes et Canadiens craignent que la COVID-19 soit là pour de bon. Plus précisément, 64 % des personnes sont inquiètes au sujet de l’émergence de nouveaux variants, et 57 % redoutent que la COVID‑19 continue de faire ses ravages au sein de la population pendant des années encore. Le stress chronique lié à la pandémie a des effets pernicieux. Nous sommes plus indécis, nous avons moins d’énergie et nous nous sentons plus fatigués, voire surmenés.

De toute évidence, nous vivons tous une tempête depuis deux ans, mais nous ne sommes pas tous dans le même bateau. 40 % de la population canadienne a déclaré que leur santé mentale s’est détériorée depuis le début de la pandémie, surtout les plus vulnérables. C’est le cas notamment des personnes qui sont au chômage à cause de la COVID‑19, qui avaient déjà des troubles de santé mentale avant l’épidémie, des membres de la communauté LGBTQ2+, des jeunes, des personnes en situation de handicap et des personnes autochtones. La santé mentale des personnes vulnérables a été beaucoup plus fragile depuis deux ans.

Ces importantes inégalités ont exposé au grand jour l’insuffisance des services et les obstacles systémiques de longue date dans notre système de santé mentale. Selon nos recherches, près d’une personne sur cinq aurait eu besoin d’aide en santé mentale durant la pandémie. Cependant, parce que ces personnes ne savaient pas comment ni où aller chercher cette aide, ou parce que cette aide n’était pas offerte ou abordable pour elles, elles ne l’ont pas reçue.

Des millions de personnes au Canada ont seulement accès aux services et au soutien en santé mentale et en traitement de la toxicomanie offerts gratuitement par des organismes sans but lucratif qui sont actuellement réduits à gratter les fonds de tiroir. Les travailleurs des organismes communautaires et du domaine des soins en santé mentale sont moins payés, leurs exigences de travail sont plus élevées, et ils sont plus menacés par l’usure de compassion et l’épuisement professionnel que les autres travailleurs de la santé.

En dépit de ces conditions difficiles, ils ont fait preuve de créativité et de compassion pour combler les besoins. Quand les logements étaient introuvables et que les banques alimentaires ont fermé, des centres de l’ACSM ont acheté des tentes et ont distribué des denrées alimentaires. Certains ont téléphoné à toutes les personnes inscrites sur leurs listes d’attente pour vérifier comment elles allaient et faire de leur mieux pour leur offrir du soutien. D’autres ont mis sur pied un nouveau service d’écoute téléphonique ou de clavardage pour permettre à des personnes isolées d’avoir des conversations amicales et pour s’assurer qu’ils allaient bien.

Bien évidemment, ce mode d’urgence n’est pas viable, ni pour notre personnel ni pour nos clients. Ils ont besoin d’une aide stable et durable.

En deux ans, nous sommes passés d’une situation de crise à une situation chronique. Même si les incidences immédiates de la COVID‑19 s’estompent, les incidences sur la santé mentale demeurent et persisteront probablement pendant plusieurs années. Il sera impossible pour le secteur communautaire de la santé mentale et du traitement de la toxicomanie de répondre aux besoins grandissants si on continue de verser le financement à la pièce et si on maintient les modèles incohérents de prestation des services. Il faut vraiment revoir de fond en comble notre système de santé mentale.

L’ACSM a quatre demandes à soumettre au gouvernement fédéral. Premièrement, il doit mettre en place un mécanisme de financement à long terme et stable pour les principaux programmes, services et outils de soutien fournis par le secteur communautaire de la santé mentale. Deuxièmement, le gouvernement fédéral doit investir dans des programmes et des stratégies de promotion de la santé mentale et de prévention de la maladie mentale. Troisièmement, il doit prévoir du financement public pour les services communautaires de counseling et de psychothérapie. Quatrièmement, il doit investir dans le logement, les mesures de soutien au revenu et la sécurité alimentaire.

Nous devons intégrer les services communautaires de santé mentale au système de santé, et nous devons demander aux provinces et aux territoires de rendre des comptes relativement à la manière dont ils dépensent l’argent que leur verse le fédéral pour la santé mentale.

Nous avons une occasion en or de transformer le système de santé mentale au Canada. Ne la ratons pas.

Merci. »

Pour lire le compte rendu transcrit de la réunion, cliquez ici.