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Ma santé mentale, c’est un peu la vôtre aussi

Ma santé mentale, c’est un peu la vôtre aussi 

Par Marissa Lair, blogueuse invitée 

Les conversations sur la santé mentale sont apparues dans ma vie vers la préadolescence. Quand la tragédie a frappé ma ville, en région rurale, nous avons été plongés dans un monde rythmé par les interventions des conseillères et conseillers en santé mentale et par les activités (collectes de fonds, assemblées scolaires, manifestations…) visant à nous sensibiliser à cet enjeu. J’avais certes déjà entendu parler de maladie mentale avant ce jour. Et j’avais une idée des différentes formes que celle-ci peut prendre. Mais je n’y avais jamais vraiment réfléchi. En y repensant, je m’étonne qu’il ait fallu des circonstances aussi extrêmes pour mettre ce tabou au premier plan de nos conversations alors que l’impact du bien-être mental sur notre quotidien est sans commune mesure.  

Par la suite, j’ai réussi mes études secondaires et universitaires sans difficulté. Jeune fille sociable, je n’avais plus l’impression de devoir me soucier de ma propre santé. Bien sûr, je connaissais la réalité de camarades de classe vivant avec une maladie mentale, et je faisais de mon mieux pour les appuyer, mais je ne m’identifiais pas à eux. Je n’avais jamais eu de diagnostic de maladie mentale; je n’avais donc aucune raison de me préoccuper de ma santé mentale, n’est-ce pas? 

C’est seulement quand je me suis retrouvée dans un entre-deux incertain, dans une zone floue entre le marché du travail et l’insouciance de ma vie d’universitaire, que j’ai soudainement eu l’impression que je ne savais pas qui j’étais ni où j’allais. Il n’y avait ni manuel d’instruction ni service de soutien pour m’aider pendant cette période de transition. Je me suis sentie isolée et ignorée à mon retour dans ma ville natale. Je me sentais devenir toujours plus exténuée. Plus épuisée émotionnellement. Plus malheureuse. J’ai accepté un poste que je n’aimais pas. Jusqu’à ce que mon corps flanche. C’est alors que j’ai réalisé qu’il me fallait prendre soin de ma santé mentale comme de ma santé physique.  

J’ai commencé à en parler à certaines de mes amies, à leur dire à quel point je me sentais perdue. J’en ai aussi parlé à des collègues récemment diplômées lors de rencontres organisées à l’heure du lunch. Et à ma grande surprise, nous partagions toutes le même genre d’expériences. Nous éprouvions les mêmes sentiments, mais nous les taisions. Parce que nous ne savions pas comment les communiquer. Ou parce que nous voulions épargner notre entourage. Un jour, alors que je me sentais particulièrement courageuse, Gillian, une amie très proche, et moi avons créé, sur un coup de tête, un groupe communautaire pour les jeunes femmes.  

Nous reconnaissions ainsi que nous n’étions pas les seules à vivre avec un nuage au-dessus de nos têtes. En tant que jeunes femmes, nous voulions créer un espace de soutien mutuel. Les contours de cet espace n’étaient pas encore tangibles dans nos esprits, mais nous ressentions une certaine urgence à réaliser notre mission. Finalement, nous avons ouvert une page Facebook et avons commencé à y publier nos histoires. Dès le départ, nous avons voulu être transparentes vis-à-vis de nos difficultés et de nos victoires. Nous souhaitions désespérément dire aux autres jeunes filles et femmes isolées qu’il y avait un espace pour qu’elles se racontent, elles aussi. Nous avons appelé notre groupe HERstoryWomen’s Empowerment Initiative (Son histoire : une initiative d’appropriation du pouvoir par et pour les femmes). 

Être membre d’un groupe communautaire a changé ma perception de ma propre santé mentale. J’ai réalisé que même si je n’ai pas de diagnostic de maladie mentale, j’ai une santé mentale. Et vous aussi.  

La santé mentale, ce n’est pas quelque chose dont il faut avoir honte, ou qu’il faut porter silencieusement, quand elle va mal. Nous avons toutes et tous de bons et de moins bons jours. Et je réussis à passer à travers les mauvaises journées avec les outils et l’aide disponibles, quand je souhaite les utiliser.  

J’ai appris que nous partageons des expériences qui nous lient, et notre communauté fait ressortir ces liens en donnant une place à la narration, aux récits. Quelle que soit la personne à l’origine d’un récit, cette pratique est toujours étonnamment puissante. Récemment, nous avons ouvert notre groupe aux femmes de tout âge. Nous avons été stupéfaites de constater à quel point nous nous reconnaissions dans les expériences de femmes de 40 ans nos aînées, et avions de l’empathie pour elles. Auprès de ce groupe d’affinité, je me suis sentie tellement plus forte! J’espère que nous continuerons d’inspirer d’autres femmes à mesure qu’évoluera notre groupe.  

Je ne vais pas « mieux ». Je ne suis pas immunisée contre la tristesse et je suis toujours en réflexion, à la recherche d’un but dans la vie. Mais comme mes camarades, je suis en constante évolution.  

Maintenant, prendre soin de moi est une priorité et je m’entoure de personnes qui me stimulent. Je m’anime à l’idée de créer des liens et de montrer aux gens que je côtoie que nous ne sommes pas si différents. 

Ma santé mentale, c’est un peu la vôtre aussi. Mon histoire, c’est votre histoire. Vous ne pensez pas? 

Découvrez comment vous impliquer dans HERstory:Women’s Empowerment Initiative en nous suivant sur Facebook et Instagram @herstorygreybruce ou en visitant le site herstorygreybruce.com (anglais seulement). 

Marissa a récemment obtenu un diplôme en développement international à l’Université Wilfrid Laurier, où elle s’est découvert une passion pour la promotion de la justice sociale. Elle défend les droits des femmes et espère s’engager encore davantage dans l’avenir en matière de promotion de la santé mentale et des services sociaux.