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Les coûts cachés des tarifs douaniers sur la santé mentale au Canadaet du chômage

Lorsque les droits de douane américains sur les produits canadiens prendront effet, la menace sera mise à exécution et ces pourcentages deviendront réalité. Les tarifs douaniers ont un effet concret sur nos vies. Dans certains secteurs, on le ressent déjà. Nous devons nous faire à l’idée que non seulement le Canada s’apprête à subir un choc économique, mais qu’en plus de la menace qui pèse sur nos emplois et nos entreprises, notre santé mentale est aussi en jeu.

L’histoire et la recherche ont montré que le marché du travail et les affaires ne sont pas les seuls à écoper quand l’économie bat de l’aile. Prenons l’exemple de la pandémie de COVID-19 et de la récession de 2008, alors qu’une forte montée du chômage avait fait grimper les taux d’anxiété, de dépression et de consommation de substances.

On n’a pas besoin non plus de perdre son emploi pour en ressentir les effets. Le fait de s’inquiéter du chômage, du budget d’épicerie ou des factures à payer peut engendrer un stress chronique. Si en plus on se retrouve sans emploi, le stress risque de dégrader davantage notre santé mentale.

Déjà, au Canada, la prévalence des troubles de santé mentale et des problèmes de santé liés à la consommation de substances est élevée. Et bien souvent, les soins sont difficiles à obtenir. La raison en est que les soins de santé mentale ne font pas partie de notre système de santé universel, et sont hors de portée financière pour de nombreuses personnes.

C’est un cercle vicieux : perdre son emploi risque d’entraîner une détresse mentale qui, à son tour, peut conduire à des problèmes de santé mentale et de santé liée à la consommation de substances. Si l’on est au chômage, comment trouver les moyens de payer le coût élevé des soins? Et la facture d’épicerie, d’ailleurs? Même si vous parvenez à vous rétablir et que vous êtes de nouveau apte à travailler, vos chances sont minces. Votre candidature sera sans doute laissée de côté ou vos périodes d’inactivité professionnelle seront vues d’un mauvais œil.

Dans le rapport L’état de la santé mentale au Canada, il est dit que seuls 50 % des gens ayant une incapacité liée à la santé mentale ont un emploi. C’est donc dire que la moitié d’entre eux ne font pas partie de la population active. Ces personnes dépendent souvent de mesures de soutien du revenu qui ne couvrent même pas le coût de la vie, une situation qui les maintient dans la pauvreté.

Si nous restons dans l’inaction quant aux soins de santé mentale et aux mesures d’aide à l’emploi, nous ne pourrons éviter que la santé mentale devienne un dommage collatéral dans une guerre commerciale. Nous devons rendre les soins de santé mentale accessibles à tout le monde. Pour ce faire, nous avons besoin de mesures de soutien qui permettent de garder les gens au travail et de faciliter le retour à l’emploi. Nous avons également besoin de politiques d’emploi contre la discrimination en santé mentale.

Le milieu de travail est en mesure de favoriser la santé mentale de son personnel

Les milieux de travail peuvent améliorer le bien-être général du personnel en créant des environnements psychologiquement sécuritaires et en donnant accès à des mesures de soutien en santé mentale. En période d’incertitude économique, il est d’autant plus important que les entreprises se mobilisent. Il est essentiel d’assurer à l’ensemble du personnel un soutien complet en santé mentale et en santé liée à la consommation de substances, et de favoriser une culture d’ouverture, d’empathie et de confiance.

Une culture d’ouverture demande d’exercer une transparence radicale sur les changements organisationnels, de créer des espaces psychologiquement sécuritaires où l’on peut exprimer franchement ses préoccupations, et d’écouter avec une véritable empathie. Un milieu de travail doit permettre des mesures de soutien à la santé mentale facilement accessibles, encourager les gens à prendre des journées de mieux-être et investir dans le perfectionnement et le bien-être de son personnel. En veillant au respect des valeurs organisationnelles, en soutenant des groupes diversifiés et en assurant la saine gestion des transitions du personnel de manière équitable et stratégique, les entreprises sont à même d’aider leurs équipes à se sentir valorisées, soutenues et résilientes pendant les périodes difficiles. C’est à cette seule condition que tout le monde aura une chance équitable. Pas seulement de travailler, mais de s’épanouir.

Besoin d’un point de départ? Nous avons ce qu’il vous faut.

Les pouvoirs publics ont eux aussi un rôle crucial à jouer – pas seulement pour les tarifs

Bien que le milieu de travail ait un rôle déterminant dans le soutien de la santé mentale de la population canadienne, les employeurs ne peuvent pas, à eux seuls, faire face à la crise. Le Canada est déjà confronté à une crise de la santé mentale, et l’insécurité économique ne fait qu’aggraver la situation. Nous sommes peut-être sur le point de déclarer l’état d’urgence en santé mentale. Mais nous pouvons prendre les devants.

Voici comment peut contribuer le gouvernement fédéral du Canada :


Références 

Arena, A. F., Mobbs, S., Sanatkar, S., Williams, D., Collins, D., Harris, M., Harvey, S. B., & Deady, M. (2023). Mental health and unemployment: A systematic review and meta-analysis of interventions to improve depression and anxiety outcomes. Journal of Affective Disorders, 335. (en anglais seulement)

Frasquilho, D., Matos, M. G., Salonna, F., Guerreiro, D., Storti, C. C., Gaspar, T., & Caldas-de-Almeida, J. M. (2015). Mental health outcomes in times of economic recession: a systematic literature review. BMC public health, 16(1). (en anglais seulement) 

Sinyor, M., Silverman, M., Pirkis, J., & Hawton, K. (2024). The effect of economic downturn, financial hardship, unemployment, and relevant government responses on suicide. The Lancet Public Health, 9(10), e802 – e806. (en anglais seulement)

Wilson, H., & Finch, D. (2021). Unemployment and mental health. The Health Foundation. (en anglais seulement)