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Consommation de substances, rétablissement et prévention du suicide 

Le mois de septembre marque à la fois le Mois national de sensibilisation au rétablissement et la Journée mondiale de prévention du suicide (10 septembre). Il y a une corrélation entre le suicide et les troubles liés à la consommation de substances, mais on peut prévenir le suicide chez les personnes qui vivent avec ces troubles. 

Les personnes qui vivent avec un trouble de santé mentale, comme la dépression ou l’anxiété, consomment parfois des drogues ou de l’alcool pour gérer leurs symptômes. C’est ce qu’on appelle de l’« automédication », laquelle peut mener à un trouble de l’usage d’une substance (TUS). Le risque de suicide augmente lorsqu’une personne vit à la fois un TUS et un autre trouble de santé mentale. 

Statistiques 

Qu’est-ce que le rétablissement? 

On peut voir le rétablissement comme « une façon de mener une vie satisfaisante, prometteuse et productive, malgré les limites imposées par la maladie » (Commission de la santé mentale du Canada, 2009, p. 27-28). Le rétablissement doit être vu de manière réaliste et être adapté à la situation de la personne au moment présent, plutôt que d’imposer un ensemble d’objectifs idéalisés qui ne sont peut-être pas réalisables. Chaque personne a un parcours différent et les gens ont besoin d’être accueillis avec acceptation à chaque étape de leur rétablissement. 

Qu’est-ce qu’un TUS? 

Les troubles de l’usage de substances (TUS) font référence à différents degrés de consommation abusive d’une substance (en anglais : American Psychological Association, 2021). Ils forment une catégorie de troubles de santé mentale dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5). Par « substance », on entend toute drogue légale ou illicite, y compris les médicaments, l’alcool et les opiacés (Société pour les troubles de l’humeur du Canada, 2009). Parmi les symptômes des TUS, on compte le fait de ne plus remplir ses obligations, d’avoir des problèmes interpersonnels ou sociaux ou de cesser ou réduire ses activités en raison de sa consommation (American Psychiatric Association, 2013). Consultez la ressource sur les  (en anglais seulement) pour plus d’information.  

TUS et automédication 

Les TUS apparaissent de différentes manières chez les gens. Par exemple, certaines personnes consomment des substances pour arriver à gérer des douleurs physiques et/ou psychologiques insoutenables causées par un traumatisme, un trouble de santé mentale (possiblement non diagnostiqué) ou un problème de santé physique. L’automédication peut mener à un TUS, ce qui rend la personne plus susceptible d’avoir des comportements suicidaires.  

Les substances sont efficaces pour masquer la douleur, mais elles n’en règlent pas les causes. Les formes de traitements holistiques peuvent mieux cibler la source de la douleur et aider la personne à entamer son processus de guérison et de rétablissement. 

Pourquoi les TUS augmentent-ils le risque de suicide? 

(Centers for Disease Control and Prevention, 2020; Pompili et coll., 2010

La consommation de substances à elle seule peut augmenter le risque de suicide. Cependant, ce risque est encore plus élevé quand une personne vit d’autres difficultés. Par exemple, le fait d’avoir un trouble concomitant de consommation et de santé mentale comme de la dépression, un trouble de stress post-traumatique ou de l’anxiété; de vivre des sentiments de désespoir, des situations stressantes, de l’isolement social, de la douleur chronique; d’avoir subi de mauvais traitements pendant l’enfance; de faire partie d’une minorité sexuelle ou de genre; d’avoir déjà tenté de se suicider (Sher, 2006; Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2012). 

Quels sont les groupes les plus touchés par les TUS? 

Les jeunes de 12 à 24 ans, les hommes de 40 à 65 ans et les personnes âgées de plus de 65 ans sont plus à risque de vivre un TUS. 

Les jeunes peuvent faire leurs expériences avec les substances ou les utiliser pour faire face à des problèmes de santé mentale. Leur cerveau se développe et ils n’ont pas toujours le contrôle de leurs impulsions, ce qui les mène à consommer plus fréquemment que d’autres groupes d’âge (Dawes et coll., 2008). 

Les hommes d’âge mûr et plus âgés comptent parmi les groupes ayant les plus hauts taux de suicide. Par ailleurs, les hommes peuvent utiliser les substances pour gérer leur douleur émotionnelle, car beaucoup d’entre eux ont socialement appris à ne pas parler de leurs émotions ni demander de l’aide (Sher, 2006). 

De 25 à 50 % des personnes âgées ont un trouble concomitant de l’usage de substances et de santé mentale (Société pour les troubles de l’humeur du Canada, 2009). Elles peuvent également consommer des substances pour faire face aux événements qui surviennent plus tard dans la vie, comme la retraite, le décès d’êtres chers et la détérioration de la santé physique et mentale (Osgood, 1992). 

Les signes avant-coureurs du suicide 

Tout changement important de comportement peut constituer un signe avant-coureur du suicide. Lorsqu’une personne parle de suicide, montre des sentiments de désespoir, n’arrive pas à trouver un sens à sa vie, exprime une colère incontrôlée et s’isole socialement, ce sont des signes qu’elle songe peut-être au suicide (American Association of Suicidology, 2019). Les personnes ayant un TUS peuvent montrer d’autres signes avant-coureurs; par exemple, elles peuvent avoir augmenté leur consommation de substances et avoir des comportements dangereux, comme conduire avec les facultés affaiblies.  

Que faire si vous reconnaissez des signes avant-coureurs? 

Si une personne que vous connaissez montre des signes avant-coureurs, ou si tout simplement vous vous inquiétez pour elle, entamez une discussion ouverte et sans jugement avec elle. Le fait de parler du suicide n’augmente pas le risque qu’une personne y songe (si la personne envisage le suicide, mettez-la en contact avec les ressources présentées ci-dessous). 

Ouvrez la conversation en nommant vos inquiétudes. Exemple : « J’ai remarqué que tu bois plus que d’habitude et que tu conduis saoul(e)… ça ne te ressemble pas. Es-tu correct(e)? » Si sa réponse ne suffit pas à calmer vos préoccupations, creusez un peu plus. Demandez-lui comment vont les choses ou comment elle se sent. Si vous avez peur qu’elle pense au suicide, demandez-lui directement : « Penses-tu au suicide? » Si vous êtes au Canada, vous pouvez mettre la personne en contact avec Parlons suicide, au 1-833-456-4566, et lui proposer de faire l’appel ensemble. Demandez l’aide d’autres personnes, par exemple de membres de la famille, d’ami.e.s ou de Parlons suicide.   

Si la personne a un plan de passage à l’acte immédiat, contactez Parlons suicide ou appelez le 911 et ne la laissez pas seule. 

Voici d’autres façons d’aider la personne :  

Comment peut-on prévenir le suicide chez les personnes ayant un TUS? 

Tout comme il y a des facteurs qui contribuent à la détresse mentale et, ultimement, aux idées suicidaires, il existe des facteurs qui renforcent la résilience et aident à créer des sentiments d’espoir et d’appartenance chez les gens et à leur donner un sens et une raison d’être. Pour certaines personnes ayant un TUS, ce pourrait être d’avoir une raison de vivre; d’être dans un processus actif de rétablissement (qui peut prendre plusieurs formes); d’avoir des relations de confiance avec de la famille, des ami.e.s, des collègues, et d’avoir accès à un.e psychologue, un.e médecin ou un autre service.  

Les idées ou comportements suicidaires et les TUS sont souvent traités séparément, mais les personnes qui vivent ces deux problèmes à la fois doivent être traitées pour les deux. Les services en santé mentale et les services en dépendance doivent travailler côte à côte. Les études montrent que la plupart des personnes qui sont décédées par suicide ont pris contact avec leur professionnel.le de la santé dans les mois précédant leur décès, dont 45 % dans leur dernier mois de vie (Centre canadien de lutte contre les toxicomanies, 2016). Les professionnel.le.s de la santé doivent être formé.e.s pour repérer les signes avant-coureurs du suicide et les TUS et savoir intervenir. 

En traitant chaque personne en tant qu’individu et en tenant compte de ses besoins psychologiques, physiques et sociaux, on est plus à même de traiter les causes profondes des problèmes de consommation, plutôt que la consommation de substances prise isolément (Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2012). 

La plupart des gens qui envisagent le suicide ne souhaitent pas vraiment mettre fin à leur vie; elles veulent mettre fin à la douleur qu’elles vivent. Nous pouvons tous aider à raviver la flamme d’une personne qui envisage le suicide. 

Cet article a été rédigé en collaboration avec le Centre for Suicide Prevention, un filiale de l’ACSM.

Références 

American Association of Suicidology. (2019). Warning signs. https://suicidology.org/resources/warning-signs/ (en anglais seulement) 

American Psychiatric Association. (2013). Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders, (DSM-5). Washington, D.C.: American Psychiatric Association (en anglais seulement) 

American Psychological Association. (2021). Substance Use Disorder. https://www.apa.org/pubs/highlights/substance-use (en anglais seulement) 

Centre canadien de lutte contre les toxicomanies. (2016). Consommation de substances et suicide chez les jeunes : Stratégies de prévention et d’intervention. https://www.ccsa.ca/sites/default/files/2019-04/CCSA-Substance-Use-Suicide-Prevention-Youth-Summary-2016-fr.pdf  

Centers for Disease Control and Prevention, (2020). Opioids: Understanding the epidemic. https://www.cdc.gov/opioids/basics/epidemic.html (en anglais seulement) 

Chan, E., McDonald, B., Brooks-Lin, E., Jones, G., Klein, K. et Svenson, L. (2018). The role of opioid toxicity in Alberta, 2000-2016. Health Promotion and Chronic Disease in Canada, 38(9).  https://doi.org/10.24095/hpcdp.38.9.07 (en anglais seulement) 

Dawes, M., Mathias, C., et Richard, D. (2008). Adolescent suicidal behaviour and substance use: Developmental mechanisms. Substance Abuse: Research and Treatment, 2, 13-28. https://doi.org/10.4137/SART.S1044 (en anglais seulement) 

Commission de la santé mentale du Canada. (2009). Vers le rétablissement et le bien-être : Cadre pour une stratégie en matière de santé mentale au Canada. https://www.mentalhealthcommission.ca/wp-content/uploads/drupal/FNIM_Toward_Recovery_and_Well_Being_FRE_1.pdf  

Société pour les troubles de l’humeur du Canada. (2009). Quelques faits : Maladies mentale et toxicomanie au Canada. https://mdsc.ca/documents/Media%20Room/Quick%20Facts%203rd%20Edition%20Fre%20Nov%2012%2009.pdf  

Orpana, H., Giesbrecht, N., Hajee, A., et Kaplan, M. (2020). Alcohol and other drugs in suicide in Canada: Opportunities to support prevention through enhanced monitoring. BMJ Injury Prevention. http://dx.doi.org/10.1136/injuryprev-2019-043504 (en anglais seulement) 

Osgood, N. (1992). Suicide in later life: Recognizing the warning signs. New York: Lexington Books. (en anglais seulement) 

Pompili, M., Serafini, G., Innamorati, M., Dominici, G., Ferracuti, S., Kotzalidis, G. D., Serra, G., Girardi, P., Janiri, L., Tatarelli, R., Sher, L., et Lester, D. (2010). Suicidal behavior and alcohol abuse. International journal of environmental research and public health, 7(4), 1392–1431. https://doi.org/10.3390/ijerph7041392 (en anglais seulement) 

Sher, L. (2006). Alcohol consumption and suicide. Quarterly Journal of Medicine, 99(1), 57-61. Suicide Prevention Resource Center (SPRC). https://doi.org/10.1093/qjmed/hci146 (en anglais seulement) 

Substance Abuse and Mental Health Services Administration. (2012). Working definition of recovery. https://store.samhsa.gov/product/SAMHSA-s-Working-Definition-of-Recovery/PEP12-RECDEF (en anglais seulement)