Comme le travail fait partie intégrante de la participation au sein de la société, la perte d’un emploi rémunéré peut entraîner de graves effets psychosociaux et économiques. En formulant cet énoncé de politique, l’Association canadienne pour la santé mentale (ACSM) reconnaît que l’accès à un emploi rémunéré et utile est un droit fondamental de la personne. Dans un pays juste et équitable, la justice sociale exige des normes gouvernementales qui favorisent le plein emploi et des programmes qui aident les chômeurs.
L’un des principes fondamentaux de l’ACSM est la promotion de la santé mentale au Canada. Les buts de l’Association comportent la promotion d’un contexte social favorable au bien-être psychologique et affectif. étant donné que la perte d’un emploi est une cause importante de stress, l’ACSM a le mandat de souligner cette question reliée à la santé mentale. L’Association résiste vigoureusement à toute mesure fédérale, provinciale ou municipale visant à réduire les prestations actuelles d’assurance-chômage et d’aide sociale pour tous les secteurs de la population canadienne. Les principes qui suivent portent sur des questions spécifiques:
- Le problème du chômage soulève non seulement des questions économiques, mais aussi des questions morales sur les rapports entre l’individu et les moyens de production, ainsi que sur le droit de chaque personne à la liberté et au bonheur.
- Le chômage et la pauvreté sont des préoccupations extrêmement graves pour tous les Canadiens. La présence de l’un ou de l’autre, ou des deux, peut causer de l’angoisse, une dépression et d’autres problèmes affectifs et familiaux.
- Les chômeurs peuvent se trouver dépourvus des ressources économiques nécessaires pour satisfaire à leurs propres besoins de nourriture, de vêtements et de logement, ou aux besoins des personnes à leur charge; de telles circonstances causent du stress. Peu de personnes réussissent à s’en sortir sans séquelles psychologiques.
- Les chômeurs risquent de perdre leur dignité et leur sentiment d’appartenance à un groupe, dans le contexte de leur famille, de leur ancien lieu de travail et de leur communauté.
- étant donné qu’on se préoccupe peu de satisfaire leurs besoins, ceux qui sont les plus sérieusement défavorisés (les personnes ayant des problèmes de santé mentale à long terme) risquent d’être doublement affectés durant les périodes de restrictions financières et de réduction du déficit. Les possibilités d’obtenir une formation professionnelle et un emploi disparaissent presque totalement.
Recommandations
- Les membres les moins influents de la société canadienne – qu’on retrouve parmi les handicapés, les femmes, les minorités visibles, les immigrants, les jeunes et les personnes âgées – sont ceux qui souffrent le plus durant les périodes de chômage. On doit tout faire pour s’assurer que ces personnes n’aient pas à assumer les frais d’objectifs économiques plus larges, alors que les secteurs plus affluents s’en tirent sans pénalité.
- Les programmes de création d’emplois et de formation au travail doivent produire des postes utiles et revalorisant qui conduisent à des postes permanents bien rémunérés. On ne devrait jamais viser l’emploi marginal à salaire minimum dans notre société.
- Il faut abolir la retraite obligatoire car elle est un vestige de la discrimination fondée sur l’âge. On ne doit pas refuser aux Canadiennes et Canadiens plus âgés la pleine participation à la société.
- Le chômage est un phénomène imputable au système économique. Il ne suffit pas de blâmer ou de rééduquer l’individu pour faire disparaître le problème. Le problème ne peut être éliminé que si le système est modifié de façon appropriée.
- La restriction ou la réduction des prestations d’assurance-chômage nuit inévitablement le plus à ceux qui participent de façon marginale à la population active. On doit s’efforcer de protéger les prestations pour les personnes vulnérables, comme les personnes en congé parental ou de maternité, de maladie ou d’invalidité.
En résumé, la question du chômage revêt une importance et une urgence particulières pour l’Association canadienne pour la santé mentale car cette dernière a identifié des aspects des problèmes de santé mentale auxquels il est possible de remédier en adoptant une approche proactive et axée sur la prévention. Novembre 1995